mercredi 28 septembre 2011

Concurrence et lobbying

La question est alors de savoir si les pouvoirs publics vont cette fois-ci laisser jouer la concurrence librement. Ou s’ils vont, au contraire, interférer dans le processus par un lobbying de mauvais aloi, auquel cas les jeux seraient déjà faits.

Le marché de la 3G est certainement assez juteux pour susciter une rude concurrence entre les trois opérateurs de téléphonie mobile déjà présents en Algérie et d’autres qui auraient déjà retiré le cahier des charges. Nedjma, Djezzy et Mobilis, et ces derniers dont on ne connaît pas encore l’identité vont donc, et c’est chose normale, se livrer une guerre sans merci, chacun y allant de son offre financière en faisant valoir ses atouts ou encore en s’engageant à assurer un service de meilleure qualité aux abonnés. Mais la concurrence, aussi féroce qu’elle puisse être, ne doit pas déborder du cadre strictement commercial tel qu’il est défini et régi par la loi. Pour qu’elle ne soit pas déloyale, elle suppose au moins deux conditions : une transparence absolue et une parfaite impartialité des autorités chargées de mener à bien l’opération de la licence.

Les choses se passeront-elles ainsi pour l’octroi de la licence d’exploitation de la 3G ? Rien n’est moins sûr. On sait que les considérations politiques, voire politiciennes, et le clientélisme restent des réflexes omniprésents chez certains de nos décideurs qui régentent la sphère économique et commerciale. Les cas de flagrant favoritisme, qui ont quelquefois coûté très cher à des opérateurs irréprochables à tous points de vue, mais aussi aux caisses de l’État, ne manquent pas. Pour rester dans le secteur de la téléphonie mobile, rappelons-nous de ces faveurs accordées à Orascom, au détriment de l’opérateur public Mobilis, lors de l’octroi de la première licence.

Depuis, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et, dans cette course à la 3G, Djezzy n’est pas assuré de ramasser la mise, bien au contraire. La fameuse confrontation footballistique entre l’Algérie et l’Égypte et ses incidences politiques et diplomatiques sont passées par là. Même racheté par Vimpelcom, Orascom n’est plus dans les bonnes grâces de ceux-là mêmes qui l’avaient porté au pinacle et qui officient au sommet de l’État. La question est alors de savoir si les pouvoirs publics vont cette fois-ci laisser jouer la concurrence librement. Ou s’ils vont, au contraire, interférer dans le processus par un lobbying de mauvais aloi, auquel cas les jeux seraient déjà faits. Que le gouvernement n’offre pas le gâteau à Orascom en lésant les autres opérateurs comme en 2001, c’est bien. Qu’il ne le serve sur un plateau d’argent à aucun opérateur au détriment des autres prétendants, c’est mieux.


Source : Journal Liberté du 28/09/2011

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