vendredi 1 avril 2011

MOBILITÉ : Sur quel système miser

Technologies en évolution, guerre des OS mobiles, montée en puissance des tablettes: une vaste redistribution des cartes est en cours dans le monde de la mobilité.

du 14 au 17 février dernier, le centre de gravité du nonde de la mobilité s'est, comme chaque année. déplacé à Barcelone. à l'occasion du Mobile World Congress. Déluge d'annonces, d'alliances, de nouveaux produits: aucun grand nom du secteur ne rate cet événement. Seule absence notable: celle d'Apple, qui organise ses propres rassemblements pour ses annonces afin de ne pas être noyé dans la masse. L'ombre de la pomme plane pourtant sur ce salon : chaque nouveau téléphone ou tablette est, immanquablement, comparé aux dernières générations d'iPhone et d'il'ad. Sur le plan matériel, beaucoup de nouveautés, certes, mais un nombre limité d'annonces choc. Dans les présentations de LG, de HTC ou de Sony Ericsson, pour ne citer qu'eux. des évolutions plus ou moins importantes, mais peu de prises de risques: LG signe un smartplione avec écran 3D), HTC lance des mobiles dédiés à Facebook. Sony Ericsson marie téléphone et PSP ... Les appareils sont ainsi équipés de composants toujours plus rapides et plus puissants. Et, dans ce domaine, le meilleur est à venir, avec des puces pour mobiles à multiples cœurs et dont la puissance se rapproche de plus en plus de celle d'un processeur d'ordinateur !

Apple et Google en ligne de mire

Les changements les plus significatifs sont, en effet, d'ordre stratégique. Chez Nokia qui. en position difficile sur le segment des smartphones, a décidé de s'allier avec Microsoft. (voir notre éclairage ci-dessous), toujours en phase de transition après le lancement à l’automne dernier de Windows Phone 7. Chez HP qui, un peu plus de six mois après la finalisation du rachat de Palm, s'en est complètement approprié les produits (smartphones et WebOS) et leur offre une deuxième vie. Leur ennemi numéro ton? Apple, bien entendu: tant avec liPhone qu'avec l'iPad, la firme californienne a redéfini le paysage de la mobilité, en a transfiemé les codes et les usages, et a réussi à faire adopter en niasse des produits auparavant classés haut de gamme.

Un autre acteur est dans leur collimateur : Google, dont le système d'exploitation Android commence à sérieusement entamer les parts du marché de ses concurrents. Selon la société d'études Gartner, plus de 67 millions de mobiles sous Android ont été vendus en 2010. soit plus d'un smartphone sur cinq (22,7 %) dans le monde. A comparer aux 4 % de l'année 2009 ! Cette croissance insolente fait mécaniquement chuter la part des autres OS, malgré des ventes en hausse pour tous les systèmes mobiles - à l'exception de Windows Mobile/Windows Phone. Et pour ceux qui en douteraient encore, c'est uniquement sur les smartphones que s'est focalisée l'attention; à Barcelone. les téléphones mobiles classiques. qui continuent de représenter la majorité des ventes, n'intéressaient pas grand monde...

Pour le meilleur ou pour le pire?

Peu avant le salon Stephen Elop le patron de Nokia, a reconnu les erreurs stratégiques de sa société. Dans un mémo à ses employés, il prend l'exemple d'un travailleur sur une plate-forme pétrolière en mer en proie aux Flammes et qui doit sauter dans les eaux glacées pour survivre. Pour lui. Nokia est dans la même situation et doit devenir plus réactif pour ne pas périr. Le changement passe par un accord avec Microsoft: Windows Phone va devenir la plate-forme principale des smartphones. Symbian étant relégué aux nobles d'entrée de gamme. Contrairement aux autres fabricants qui doivent se conformer à un cahier des charges précis. Nokia, en vertu de cet accord, pourra concevoir des appareils originaux... À vérifier à l'arrivée des premiers modèles fin 2011. En attendant, le doute plane sur ce mariage: fera-t-i décoller les Windows Phone, ou au contraire plonger aussi bien Nokia que Microsoft? Pour Stephen Elop (ex-Microsoft). le choix de la plate-forme était clair: Nokia avait approché Google, mais craignait d'être noyé dans la masse de l'écosystème Android. D'après l'agence d'informations financières Bloomberg, Microsoft aurait payé Nokia plus d'un milliard de dollars pour forcer sa décision...

01/ Android Honeycomb l'OS qui peut faire mal à l'iPad

Fini les tablettes bricolées sur des versions smartphone d'Android. Avec Honeycomb, les fabricants peuvent enfin contrer Apple.

tout est dans le logiciel. Apple l'a bien compris au moment de concevoir sa tablette, et ses concurrents en ont enfin pris conscience. Durant ces douze derniers mois, ils ont tous cru pouvoir rivaliser avec l'iPad en lançant sur le marché des modèles fonctionnant avec des versions inadaptées d'Android, voire pire. avec le même Windows qui fait tourner nos PC. Résultat? Beaucoup de lenteurs, une interface tactile inutilisable, des disparités dans les logiciels et des développements à la va-vite. La catastrophe, Avec la version 3.0 d'Android, alias Honevcomb, ils s'apprêtent enfin à mettre sur le marché des tablettes dignes de ce nom. On peut même parler de déferlante puisque pas moins de dix modèles « majeurs » feront leur apparition ces jours-ci ou d'ici la rentrée. Google développe donc désormais deux déclinaisons de son OS Android: celle pour les smartphones. adaptées aux définitions d'écran de 480 x 800 points; une autre pour les tablettes, équipées d'écrans de 7 pouces et plus, avec une définition d'au moins 1024x 600 points. Il se dit néanmoins que les deux versions pourraient être réunies en une seule, baptisée Ice Cream, vers la fin de l'été 2011. Honeycomb tire parti de ces grandes diagonales dans tous les compartiments du système: le client mail est organisé sous forme de colonnes, le clavier virtuel est bien plus confortable, les réglages de la tablette sont plus lisibles, etc. De manière générale, la plupart des fonctions sont accessibles sans avoir à les chercher au fond des sous-menus. Reste à savoir combien d'applications seront disponibles à l'arrivée des premières tablettes en France (d'ici la fin avril). Autre interrogation : Google compte-t-il assouplir les conditions imposées aux fabricants ? À heure actuelle. les tablettes doivent respecter un cahier des charges très strict pour proposer un accès à l'Android Market.

02/ Systèmes d'exploitation mobiles

La clé d'un bon smartphone : Sans un OS évolué et efficace, le meilleur smartphone du monde ne vaut finalement pas grand-chose. Sur ce grand champ de bataille, les éditeurs tentent de constituer des environnements cohérents, des « écosystèmes ».

Android (EN HAUSSE)

Eric Schmidt a le sens des chiffres. Le patron de Google, en introduction de sa présentation au Mobile World Congress, a égrené les impressionnants résultats de son OS mobile : 170 terminaux disponibles dans 69 pays et fournis par l69 opérateurs, plus de150000 applications sur l'Android Market- un chiffre qui a triplé en neuf mois - et, surtout. 350000 activations de téléphone chaque jour. Ce rythme est maintenu pour le développement de l'OS, à raison d'une version majeure du système chaque année, mais les mises à jour ne sont pas garanties... En effet, les fabricants de terminaux ne sont pas obligés d'intégrer la toute dernière version du système sur leurs nouveaux terminaux ; lorsqu'une mise à jour est proposée, ce sont les opérateurs télécom qui la« poussent ». Les développeurs doivent donc composer avec cet environnement tes hétéroclite. Il n'est d'ailleurs pas rare de trouver sur le Market des applications limitées à certaines versions d'Android voire à certains terminaux.

Windows Phone 7 (STABLE)

Le « reboot » de Windows Mobile a-t-il porté ses fruits ? Deux millions de licences founies aux fabricants, les premiers utilisateurs satisfaits à 93%, 6500 programmes disponibles pour la plate-forme. La convalescence semble bien se passer. Une première mise à jour de Windows Phone? apporte (enfin!) la gestion du copier-coller et accélère le temps de chargement des applications; une autre. à venir courant 2011, ajoutera le multitâche pour les applications de développeurs indépendants, l'intégration de Twitter ains que de Skydrive (le service de stockage en ligne de Microsoft) pour sauvegarder ses données; Internet Explorer pour Windows Phone sera également mis à jour en version 9. Mais d ici là, pour que l'OS gagne des parts de marché, de nouveaux terminaux devront faire leur apparition. Sur ce plan, à Barcelone. c'était le vide total... l'accord avec Nokia ne devrait pas porter ses fruits avant la fin de l'année, et les autres partenaires (LG, Samsung, HTC) n'ont lancé aucun un téléphone sous Windows Phone pendant le salon.

Bada (STABLE)

En matière d'OS mobiles. Samsung est du genre ouvert: à son catalogue, des modèles Android, des des Windows Phone... et des terminaux sous Bada, son OS maison, pour lesquels il revendique 5 millions de ventes en 2010 dans le monde. La prochaine version du système (La 2.0) ne devrait pas être révolutionner l'existant: multitâche. gestion du HTML 5 et des systèmes sans contact NFC, cela ressemble à ce qui se fait par ailleurs. La boutique applicative compte pas loin de 6000 logiciels: selon Samsung, 80 millions de téléchargements ont été réalisés, dont 12 millions en France. Bref, une affaire qui roule.

Symbian ET Meego (EN BAISSE)

Nokia est entré dans une phase de transformation profonde. En amonçant que Windaws Phone 7 deviendrait sa «plate-forme privilégiée pour les smartphones (voir ci-dessus) le finlandais fait passer Symbian au second rang. Cet OS, déjà laissé par Sony Ericsson (ses nouveautés du salon fonctionnaient toutes sous Android). devrait poursuivre sa carrière sur des téléphones moins prestigieux. en entrée de gamme. Nokia a aussi indiqué que Meego, l'OS pour tablettes élaboré avec lntel, fera davantage office de laboratoire à idées. Il y a donc très peu de chances de tomber un jour sur un appareil sous Meego. C'est préférable car la démo de la dernière version n'a guère emballé les observateurs (lenteurs. bugs, etc.).

WebOS : Du téléphone au PC. HP fait fructifier le rachat de Palrn

Si la marque Palm disparaît, ses produits (tel le smartphone Pré et son système WebOS) continuent d'évoluer. Ainsi, WebOS va passer d' ici peu en version 2.2 sur ses terminaux mobiles (les premiers à en profiter sont le nouveau Pré 3 et le minuscule Veer) et sera décliné en version 3.0 sur la future tablette TouchPad. prévue pour la fin de l'été. Ce système multitâche - HP aime à rappeler qu'il a été développé autour de cette notion - prend désormais en charge la techno Flash d'Adobe et intègre intelligemment Facebook, Twitter et autres services en ligne. Il se voit doté d'une fonction de transfert sans fil Touch and Share, pour le moins originale: il suffit d'approcher un terminal WebOS d'un autre (en version 2.2 ou 3) pour s'échanger des photos, des vidéos, et même les sites Web que vous êtes en train de visiter! De quoi se démarquer de la concurrence, Apple en tête. HP fait un autre pari, celui de ne pas cantonner WebOS aux seuls terminaux nomades. Son projet a de l'envergure: intégrer le système dans d'autres appareils, en premier lieu ses imprimantes connectées, mais aussi ses gammes d'ordinateurs. Peu de détails pour l'instant mais on sait que les PC HP seront à double amorçage WebOS/ Windows début 2012. Il est clair que HP nourrit de grandes ambitions pour son OS hérité de Palm!

03/ Puces mobiles Plus vite, plus fort

Les processeurs pour smartphones suivent le chemin de ceux des PC. Les spécialistes du secteur doivent désormais affronter deux poids lourds du monde micro: Nvidia et Intel.

Il en va des processeurs pour smartphones et tablettes comme des puces pour ordinateurs : ils vont de plus en plus vite et progressent en nombre de cœurs. Quelques jours avant l'ouverture du salon. Texas Instruments (TI) présentait ainsi la cinquième génération de la plate-forme Omap : jusqu'à deux cœurs ARM Cortex A15 cadencés chacun jusqu'à 2 GHz (contre un seul coeur et 1,2 GHz pour les Omap actuels), la prise nn charge de la 3D stéréoscopique, la lecture de flux vidéo Full HD, la gestion de 8 Go de mémoire vive au maximum... Patience, les premières unités sont prévues pour le deuxième semestre 2011, mais seront véritablement déployées à partir cle la mi-2012.

Bientôt des puces à quatre cœurs

TI aura fort à faire face à des rivaux aux ambitions similaires. Chez Qualcomm, les prochaines déclinaisons de la puce Suapdragon auront jusqu'à 4 cœurs, tourneront jusqu'à 2,5 GHz, consommeront 65% d'énergie en moins, et prendront en charge les futurs réseaux mobiles 4G (LTE)... Une montée en puissance qui prépare aussi l'arrivée de Windows 8 pour la plate-forme ARM. Qualcomm et TI devront se frotter à deux poids lourds issus du monde de la micro: Nvidia et Intel. Le premier a fait la démonstration de sa prochaine génération de processeurs Tegra, à quatre cœurs : deux fois plus puissant que l'actuel Tegra 2, il apporte - selon les tests du fabricant - le même niveau de performances qu'un Core 2 Duo T7200, une puce pour PC portables sortie en 2006. Mais avec une consommation nettement moindre ! Les premières tablettes qui en seront équipées sont promises pour août prochain, suivies par des téléphones au moment de Noël. Nvidia a par ailleurs évoqué ses futures générations de Tegra, avec des puces à l'horizon 2014 environ 80 fuis plus puissantes que le Tegra 2. Ne nous emballons pas ! Et Intel? Après une première tentative ratée de faire rentrer l'architecture x86 dans les smartphones (avec l'Atom Moorestown l'an passé, qu'aucun constructeur n'a finalement intégré...), le fondeur récidive: au salon, il a évoqué l'Atom Medfield, qui pourrait intégrer des téléphones d'ici quelques mois. Pour autant, Intel ne fournit que peu de détails, se contentant de promettre une autonomie et une puissance supérieurs à la concurrence. Est-ce que cela sera suffisant pour convaincre les fabricants de terminaux de mettre de côté la plate-forme ARM qui leur est si familière?

Nouvelles technos pour nouveaux usages

C'était à prévoir, la 3D s'invite aussi sur les smartphone. L'Optimus 3D de LG, annoncé pour mai (600 € hors subvention), est doté d'un écran stéréoscopique à barrière de parallaxe ne nécessitant donc pas de lunettes pour l'effet de relief, tant la surface que sur les contenus (jeux, photos, vidéos, etc.). L'appareil est par ailleurs muni de deux capteurs photo à l’arrière, pour prendre des clichés et filmer des séquences en 3D. Plus sérieuse, plus pratique aussi: la généralisation des systèmes de paiement et d'information sans contact (NFD, Near Field Communication). Plusieurs modèles de téléphones présentés sur le salon étaient équipés d'une puce pour ces usages, notamment chez Samsung et HTC. Ils pourront être utilisés dans le cadre des expérimentations autour du NFC (paiement mobile, abonnement de transport, carte d'étudiant électronique) à Nice et Caen, villes pionnières, mais aussi Lille, Bordeaux, Rennes, Toulouse, Marseille, Strasbourg et Paris, où divers projets sont en route.

04/ Tablettes L'heure de la révolte

Après quelques tentatives timides. les grands de la micro sortent enfin des alternatives crédibles à l'iPad d'Apple. La plupart font même bien mieux.

Un an! C'est le temps qu'il aura fallu aux cadors de l'informatique pour lancer enfin des tablettes capables de dépasser la référence en la matière, l'iPad. Pour rappel, seuls archos, Samsung, Dell et Toshiba en ont comercialisé en 2010. mais toutes fonctionnaient. avec la version classique d'Android , pas franchement adaptée aux écrans de grande taille. Les nombreux modèles dévoilés lors du Mobile World Congress de Barcelone, en février, sont autant de signes d'un changement de cap significatif. Toutes, déjà. tournent sous Android 3.0, alias Honeycomb, la première version du système de Google véritablement taillée pour des terminaux tactiles de grande taille (lire ci-dessus). Et si aucune ne se démarque véritablement par son aspect, elles ont pour elles une puissance de feu bien supérieure à celle de l'iPad. À ce petit jeu. Nvidia semble avoir la préférence des fabricants de modèles sous Android, qui ont choisi sa plate-forme Tegra 2 dans près de 80% des cas. Les rares tablettes sous Windows 7, elles, carburent avec des puces plus classiques signées AMD et Intel. Et seul HTC et HP ont opté pour un processeur de Qualcomm, pourtant omniprésent sur le marché des smartpliones avec sa puce Snapdragon. Caméras frontale et arrière, port pour cartes MicroSD, port USB hôte, écran tactile capacitif... Ces tablettes sont suffisamment armées pour grappiller des parts de marché à Apple, mais le doute subsiste. Le prix moyen des modèles présentés à Barcelone est de 600 €, alors que l'iPad de base est vendu 500 €. ironiquement, la tablette d'Apple serait l'une des moins chères du marché.

Source : L'OI-SVM Avril 2011

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