mercredi 25 novembre 2009

Pour Orascom Telecom, l’avenir s’annonce incertain en Algérie


Près de 600 millions de dollars de redressement fiscal, des appels au boycottage qui se multiplient, des désabonnements de clients - le groupe ETRHB Haddad a annoncé avoir résilié ses contrats avec Djezzy - et, pour clore le tout, une communication chaotique de la maison mère depuis le Caire. Depuis quelques jours, Djezzy, la filiale algérienne d’Orascom Telecom, est au cœur d’une tempête qui risque de compromettre sérieusement son avenir.

Orascom Telecom a aggravé le cas de sa filiale algérienne en choisissant de communiquer sur le redressement fiscal dont elle fait l’objet, avant de puiser les autres voies de recours disponibles. A la Direction générale des Impôts (DGI), l’annonce, mercredi matin, jour du match explosif Algérie-Egypte, par Orascom Telecom, de la notification du redressement fiscal envoyée à sa filiale algérienne, a été vécue comme une attaque. Pour les Algériens, Orascom Telecom a cherché à mettre de l’huile sur le feu dans un contexte de fortes tensions entre Alger et le Caire, en faisant croire que le redressement fiscal est une décision politique.

« Nous avons constaté de nombreuses irrégularités dans les comptes d’Orascom Telecom Algérie. Le redressement a commencé le 4 juin, bien avant le premier match entre l’Algérie et l’Egypte et les arguments qui ont motivé le redressement sont tous valides techniquement », explique une source proche de la DGI. Cette dernière reconnaît toutefois que la décision de redressement, décidée en « haut lieu », pourrait être liée à l’opération Orascom-Lafarge dans le ciment. Mais en aucun cas au match de football.

Mais Orascom a choisi de politiser l’affaire. Une décision jugée maladroite par les spécialistes. « On ne communique pas sur une notification de redressement. Il s’agit d’un premier envoi qui dit en gros ceci : les Impôts vous proposent de vous redresser. Le montant n’est pas définitif. Dans la quasi-totalité des cas, les entreprises concernées par un redressement, en engageant de bons fiscalistes, parviennent à faire baisser la note », explique un fiscaliste interrogé par TSA. « Les Impôts n’aiment pas le tapage médiatique. Aujourd’hui, même si Djezzy introduit un recours valable, il est peu probable que le chiffre soit revu à la baisse, surtout dans le contexte actuel de pressions égyptiennes sur l’Algérie. Les Impôts ne vont pas se déjuger dans cette affaire. Bien au contraire, la note pourrait grimper », poursuit le fiscaliste.

Dans les prochains jours, la DGI adressera à Djezzy un avis de redressement. Selon la loi algérienne, l’opérateur devra payer 20% du montant, soit près 120 millions de dollars, dans un délai d’un mois, avant d’engager un éventuel recours. En cas d’un refus de paiement de cette première partie, les Impôts pourront bloquer les comptes bancaires de Djezzy et se servir directement.

Au-delà des aspects techniques, ce redressement va peser sur la rentabilité de l’opérateur mobile. « Djezzy doit garder le même niveau de rentabilité de ces deux dernières années pour pouvoir faire face à la situation. Sans compter l’impact sur les finances de sa maison mère qui se voit privée de sa principale source en cash », explique un économiste. Plus de 80% du cash d’Orascom Telecom provient en effet d’Algérie. L’annonce du redressement a d’ailleurs affolé les investisseurs et le titre Orascom Telecom a subi de très forts dégagements en bourse cette semaine.

Dans ce contexte, Djezzy suscite de nouveau l’intérêt d’opérateurs étrangers, notamment du français Vivendi. Ce dernier pourrait s’allier avec des opérateurs algériens et se contenter de 49% dans le capital de l’opérateur mobile. Dans un contexte de blocage diplomatique entre Alger et le Caire, les manœuvres autour de Djezzy pourraient s’accélérer dans les prochains jours.

Source : Tout Sur L'Algérie au 25/11/2009

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