mercredi 18 novembre 2009

Est-ce la fin pour OTA?

Pour la première fois dans l’histoire de Djezzy en Algérie, la société est contrainte à une posture défensive.

Nul n’est encore en mesure de prédire l’ampleur des pertes qui seront subies par l’opérateur de téléphonie mobile, Djezzy. Mais une chose est, d’ores et déjà, sûre, il ne sortira pas complètement indemne de ce qui est convenu d’appeler l’affaire de la Coupe du Monde 2010. La société se trouve, certes, mêlée contre son gré à une affaire qui ne la concerne pas, mais elle doit tout de même en subir les retombées collatérales. L’une d’entre elles, et non des moindres, est l’état de panique qui se saisit de la compagnie. «Nous sommes en état de crise», lâche le porte-parole de la compagnie. Cette situation est gérée, bien évidemment, par une cellule de crise. Dans ce contexte, il n’est plus question de poursuivre les opérations de charme vis-à-vis du public pour attirer de nouveaux clients, mais de garder ceux qui possèdent déjà des puces de Djezzy. Car, il sont nombreux à ne plus vouloir continuer à passer leurs communications par le biais de ce canal. La société a beau clamer qu’elle est de droit algérien, mais quelle portée peut bien avoir ce message auprès des millions d’usagers pas forcément enclins à saisir ces nuances? Pour eux, Orascom est égyptien, donc Djezzy aussi.
La société tente de nuancer les effets du mécontentement populaire. Au sein de l’entreprise, on veut bien admettre que le geste de jeter une puce serait tout à fait compréhensible. Mais ce qui craint le plus, à tort ou à raison, est que les concurrents puissent profiter des déboires imprévus et imprévisibles de Djezzy pour leur piquer des clients.
C’est d’ailleurs sur le terrain de la portabilité du numéro que Nedjma a attaqué Djezzy devant les juridictions. La guerre des puces n’est pas nouvelle, mais elle prend de nouvelles proportions avec les accusations à peine voilées de Djezzy à l’encontre de ses concurrents accusés d’avoir fomenté les actes de saccage qui ont visé le siège central à Alger ainsi que plusieurs boutiques à travers le territoire national. Les dégâts s’élèvent à quelque millions de dollars.
C’est sans aucune commune mesure avec les 700 millions de dollars que lui a coûté la licence à sa venue en Algérie en 2001. Depuis, l’entreprise n’a pas cessé d’enregistrer 800 millions de dollars de bénéfice chaque année. Cette prospérité n’a pas provoqué que des jalousies, mais des convoitises aussi. Bouygues a voulu la racheter. Ce sont 10 milliards d’euros qui sont demandés par Djezzy. Si ce dernier cesse son activité, ce seront 17 millions d’Algériens qui seront dans l’obligation de changer d’opérateur et de basculer vers Mobilis et Nedjma.
Cette fois, la compagnie exécute son numéro d’acrobate sans filet. L’Etat l’aurait lâchée. Il ne pardonne pas à la société mère l’affaire du transfert de la propriété de la cimenterie de M’sila aux Français sans avoir été informé auparavant. Pourtant, elle a bénéficié d’une dérogation pour l’autoriser à transférer 500 millions de dollars. Les Algériens ne veulent plus entendre parler de ces transferts, notamment lorsqu’ils prennent la direction de l’Egypte.
Il ne reste que quelques années pour que la compagnie célèbre son dixième anniversaire en Algérie et il risque fort de ne pas se dérouler sous de bons auspices. L’accent sera certainement mis sur la communication de crise pour tenter de surmonter la mauvaise passe dans laquelle se trouve l’opérateur. Il n’est pas du tout certain que la communication suffira. Mais c’est ce qui sera tenté. Même si tout le monde n’aura pas une oreille attentive à ses messages, il n’est pas étonnant que certains milieux puissent ressortir quelques affaires pour ternir l’image de l’opérateur. A commencer par des soupçons de retard de paiement d’impôt. Cela pourrait être assimilé à de l’évasion, sinon à de la fraude fiscale. Pour l’instant, la contre-attaque de Djezzy a un aspect global dans le style «nous sommes Algériens». Autant dire que la grosse artillerie est réservée pour les vraies batailles. A venir celles-là.

Source : Journal l'Expression du 18/11/2009

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