lundi 9 janvier 2012

Après deux ans de tractations : L’Etat majoritaire dans Djezzy

L’Etat algérien va prendre la majorité du capital (51%) de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy (OTA). Cette information a été rendue publique, hier, par Moussa Benhamadi, ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, lors d’une visite à El Tarf. C’est la première fois qu’un membre du gouvernement fait cette annonce.

Questionné à plusieurs reprises sur cette affaire, Karim Djoudi, ministre des Finances, est resté souvent dans le vague ou, au mieux, a distillé des informations au compte-gouttes, arguant que «l’affaire Djezzy n’est pas un dossier simple. Si elle l’était, les choses seraient terminées depuis longtemps». L’acquisition par l’Algérie d’OTA, filiale de l’opérateur égyptien OTH, rachetée par le russe Vimpelcom, sera conclue après la signature, «probablement avant la fin de l’année», d’un accord de confidentialité entre les deux parties avant qu’un protocole d’intention ne soit signé plus tard, a-t-il affirmé aux journalistes en marge d’une séance plénière de l’APN, le 1er décembre 2011. M. Djoudi avait précisé que cet accord, exigé par l’Algérie, allait permettre l’ouverture du data room contenant les informations, même les plus secrètes, d’OTA et concernera «les informations relatives à la gestion et au fonctionnement de Djezzy».

«L’Etat algérien va prendre la majorité du capital (51%) de l’opérateur de téléphonie Djezzy. Un accord a été passé dans ce sens conformément à la loi de finances», a expliqué le ministre des PTIC. Mais le feuilleton est-il pour autant terminé ? Pas tout à fait puisque le prix n’a pas encore été fixé. Le géant russe a fixé à 7,8 milliards de dollars le prix de vente de Djezzy. Un prix jugé trop élevé, puisque l’évaluation réelle de la filiale est fixée par des experts entre 3 à 4 milliards de dollars. En optant pour un rachat de 51% de l’opérateur Djezzy, le gouvernement semble vouloir mettre fin à une crise qui dure depuis plus de deux ans. Les patrons de Vimpelcom, nouveaux propriétaires de Djezzy, ont dû faire plusieurs déplacements à Alger pour tenter de débloquer une situation qui devenait intenable et difficile à résoudre. En fin de compte, les Algériens ont convenu de se contenter des 51% du capital et de confier la gestion de l’entreprise aux Russes. Vimpelcom a fait savoir à plusieurs reprises qu’il était favorable à une telle option.

Les Algériens avaient systématiquement refusé de recevoir Naguib Sawiris, ex-propriétaire d’OTA. Ce dossier a connu plusieurs rebondissements. La Banque d’Algérie, en tant que partie civile dans l’affaire l’opposant à la filière algérienne du groupe égyptien OTH, avait réclamé un dédommagement de 193 millions de dollars. Selon l’agence Reuters, citant une source officielle algérienne, la Banque d’Algérie avait demandé cette compensation à Djezzy pour avoir violé les règles de transfert de devises.
En faisant cette annonce, les autorités algériennes donnent l’impression de vouloir clore au plus vite ce dossier. La démarche des autorités algériennes a été dictée, selon certains experts, par des raisons accessoires et épidermiques liées au précédent de la cession d’Orascom Cement à Lafarge, aux différends contractuels, administratifs et fiscaux d’OTA et aux effets du match de football Algérie-Egypte.

Pour Omar Berkouk, expert financier, la gestion de la «reprise» de Djezzy et son développement «sont une question de stratégie industrielle à laquelle le gouvernement algérien doit préalablement apporter une réponse avant d’en fixer le prix !» Un retour au semi-monopole public dans les télécoms, avec Mobilis et… Djezzy «sera dommageable au consommateur algérien et un très mauvais signal en matière d’ouverture économique. Cette option témoignerait d’un retour à l’économie des années 1970», avait-il déclaré à maghrebemergent.com, un site spécialisé dans l’information économique. En optant pour cette issue, l’Etat veut vraisemblablement réduire l’impact du transfert de dividendes sur la balance des paiements et ne modifie pas l’opérateur de la société, évitant ainsi une rupture de gestion. Cette affaire devait aussi être réglée pour permettre de lancer la 3G en Algérie et mettre les trois opérateurs sur un même pied d’égalité. Djezzy reste, en dépit de la zone de turbulences qu’il a passée, leader du marché. Signalons que le marché est caractérisé par une concurrence serrée entre Djezzy, l’opérateur qui a démocratisé le mobile, Mobilis qui a une base de client post-payé importante et Nedjma qui base son développement sur le multimédia.

Source : Quotidien El Watan du 09/01/2012

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