mercredi 3 février 2010

L’égyptien Orascom fait son beurre sur le dos de l’Algérie



Des sources proches de l’enquête menée sur les marchés passés par la direction générale de Sonatrach et ses différentes filiales, dont G.C.B. qui est spécialisée dans le bâtiment et le génie civil, celle des travaux pétroliers G.T.P., ainsi que les centaines de contrats signés avec les sociétés de la protection et de la sécurité et des sous-traitants, ont indiqué que les enquêteurs sont parvenus à des détails précis au sujet de graves dépassements dans la passation de marchés et la signature de contrats avec des sociétés étrangères spécialisées dans les prestations pétrolières et parapétrolières.

  • Les investigations menées ont révélé que de nombreux contrats dont certains s’étalent sur 25 ans, ont été passés suivant la formule de gré à gré qui a cours depuis le départ d’Abdelhak Bouhafs, l’ex P-DG du groupe après les pressions exercées sur lui par le ministre de l’énergie et des mines qui bataillait pour l’amendement de la loi sur les hydrocarbures. Parmi les gros marchés, celui relatif à l’approvisionnement en gaz naturel de la société Orascom Industrie et construction, au prix modique du marché local pour 25 années, afin d’en fournir ses unités d’engrais dans la wilaya d’Oran bien qu’elle ne dispose pas de la technologie et des connaissances nécessaires pour investir le secteur des engrais et de la pétrochimie.
  • Des sources proches du dossier ont aussi dévoilé qu’Orascom Industrie et Construction a, dès son obtention du marché de la société Sonatrach, sollicité une société allemande spécialisée dans la construction des usines d’engrais, à qui elle confiera le projet.
  • Cette démarche a suscité l’intérêt des enquêteurs. Le gouvernement algérien et le groupe Sonatrach sont-ils incapables de faire appel directement à cette société allemande ? Ont-ils besoin des services de Sawiris pour qu’il serve d’intermédiaire auprès des allemands afin de construire des usines d’engrais à des coûts surestimés, pour détourner les deniers publics algériens récoltés grâce aux facilitations fiscales octroyées à la famille Sawiris par l’Agence Nationale de Promotion de l’investissement durant la réalisation de ses chantiers en Algérie dans les domaines du ciment, des communication et de la pétrochimie ? Ceci mènera à la mise à l’écart du directeur de l’Agence qui avait refusé d’apposer sa signature.
  • Sawaris s’attèle à faire la promotion de l’usine à l’étranger en faisant croire aux investisseurs que le chantier a atteint un taux d’avancement de 80% afin d’obtenir des parts à la bourse, alors qu’en réalité, le taux de réalisation du projet n’a pas franchi les 15%.
  • Le contrat passé avec Orascom Industrie dans le cadre de la création de la société Sorfert, prévoit l’approvisionnement de la société égyptienne en gaz naturel, avec un volume annuel d’un milliard de mètres cubes durant 25 ans au prix du marché local, sans altération tout au long de la durée du contrat. Ce point est d’ailleurs critiqué par l’OMC qui demande depuis des années à l’Algérie de réajuster les prix du gaz qu’elle vend aux sociétés étrangères qui exportent leurs produits.
  • Ce gaz est destiné à approvisionner l’usine de production Ammoniac-Urée qui dispose d’une capacité de production de 1,3 million de tonne et de 800 mille tonnes d’urée en Algérie. Orascom Construction détient 51% du capital de la société tandis que Sonatrach s’adjuge le reste; 49%. Orascom a préparé toutes les études du projet et les a remises à Sonatrach et les autorités compétentes avec l’apport de la banque Société Générale en matière d’études financières, le bureau de consultation juridique White Index. Le financement nécessaire pour le projet a été obtenu de la Banque d’Algérie après des pressions sur ses responsables.
  • Un contrat a été passé avec la société allemande UHDE, spécialisée dans les technologies de production d’urée, pour la conception et la réalisation de l’usine dans la zone industrielle d’Arzew, ce qui indique clairement qu’Orascom n’a rien à voir avec l’industrie pétrochimique et qu’elle ne fait que spéculer pour saisir des opportunités de vente et d’achat des actifs des sociétés. Ceci montre que les conditions dans lesquelles Orascom a obtenu ce marché, n’étaient pas claires, car son entrée dans ce domaine sensible et complexe est intervenue après qu’elle ait acheté la société égyptienne des engrais détenue par Fort Capital, pour un montant de 59,1 milliards de dollars.
  • Le coût du projet, prévu près du port d’Arzew, s’élève à 746 millions de dollars, dont une partie qui sera financée par des crédits à long terme, des banques algériennes. Il a été convenu avec Sonatrach un approvisionnement en gaz naturel à des prix très bas, n’excédant pas les 4 dollars le million d’unités calorifiques alors que le prix d’un million d’unités calorifiques sur le marché mondial atteint les 14 dollars. Le ministère de l’énergie et des mines a donc offert un cadeau d’un milliard de dollars annuel à l’égyptien Orascom qui lui vendra l’urée et l’ammoniac au prix international, qui pour l’urée, tourne autour des 320 dollars la tonne.
  • Les sociétés mondiales n’ont rien compris à cette attitude algérienne qu’elles désapprouvent, et l’Organisation Mondiale du Commerce a demandé à l’Algérie d’ajuster les tarifs du gaz naturel sur le marché interne aux tarifs appliqués sur les marchés internationaux pour ne pas imposer des clauses antidumping sur les exportations algériennes d’engrais et d’autres produits où le gaz entre dans la production.
  • Dans une tentative pour convaincre l’Algérie de ne pas dilapider son gaz, le russe Gazprom, lors de la visite du patron du groupe en Algérie, a proposé la construction d’usines de production pétrochimique financées par le groupe russe et d’acheter le gaz au prix international. Gazprom n’a reçu aucun écho de la part de Sonatrach qui a préféré traiter avec les Sawiris qui n’ont rien à voir avec le domaine de la pétrochimie, contrairement à l’expérience de Sonatrach et du géant russe.

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