mercredi 3 février 2010

Le cas Ericsson-Djilali Mehri relance les interrogations sur la gestion des affaires de corruption en Algérie


Dans les affaires de corruption qui secouent depuis quelques mois plusieurs entreprises publiques et administrations, tous les acteurs sont-ils traités de la même façon par la justice ? Dans au moins un cas, le travail de la justice suscite des interrogations: le cas Algérie Télécom.
Le 21 octobre dernier, plusieurs hauts cadres de l’opérateur historique de télécommunications dont l’ancien PDG Slimane Kheireddine, ont été condamnés à de lourdes peines de prison dans une affaire de corruption. Des peines confirmées aujourd’hui en appel. Les responsables d’Algérie Télécom étaient poursuivis dans une affaire de malversations et de corruption liée à des passations de marchés publics. Le montant du préjudice subi par Algérie Télécom dans cette affaire s’élève à 2,38 milliards de dinars, soit près de 20 millions d’euros.
Comment la justice a-t-elle pu condamner plusieurs hauts cadres d’Algérie Télécom pour un préjudice de 20 millions de dollars et fermer les yeux sur une autre affaire dans laquelle des commissions de plusieurs dizaines de millions de dollars ont été versées à un intermédiaire : les contrats entre Algérie Télécom et Ericsson ?
En novembre 2007, la justice suédoise avait ouvert une enquête contre l’équipementier Ericsson, accusé d’avoir versé des pots de vin à des intermédiaires dans plusieurs pays dont l’Algérie. Les documents dévoilés à l’époque de l’enquête (lire les documents) montrent clairement que l’homme d’affaires Djilali Mehri a touché des commissions entre 6 et 15% sur les contrats d’équipements d’Algérie Télécom remportés par Ericsson.
La justice suédoise a ouvert une enquête contre Ericsson pour avoir violé les règles en matière de contrats de « consulting » qui plafonne à 3% les commissions versées à un intermédiaire. Mais en Algérie, M. Mehri n’a pas été entendu par la justice. Selon nos informations, Djilali Mehri a joué le rôle d’intermédiaire avec d’autres groupes étrangers notamment dans l’hydraulique et les chemins de fer.
Le cas de M. Mehri, ancien député et homme d’affaires connu – il est notamment propriétaire de Pepsi Cola et partenaire du français Accord ans l’hôtellerie en Algérie- relance les interrogations sur les buts des opérations en cours. Exemple : comment en effet peut-on réduire la corruption au sein d’un groupe comme Sonatrach à un simple contrat de 42 millions d’euros dans la sécurité passé par une entreprise appartenant au fils de l’ex-PDG Mohamed Meziane ? A cette question, seuls les enquêteurs et la justice peuvent apporter une réponse.

Aucun commentaire: