Dans sa déclaration, Orascom Telecom s'est contenté d'évoquer les détails techniques. Selon le groupe égyptien, les autorités fiscales algériennes n'ont toujours pas fourni un document indispensable pour effectuer cette opération. Avant février 2009 et l'instauration des nouvelles mesures en matière de transferts de devises, ce quitus fiscal ne figurait pas parmi les documents demandés aux groupes étrangers souhaitant transférer de l'argent vers leur pays d'origine.
Comme nous l'avion révélé le 13 juin dernier, Djezzy est visé par une enquête fiscale. Les enquêteurs du fisc s'intéressent particulièrement aux revenus colossaux générés par la formule « flexy ». Cette dernière permet aux clients prépayés de Djezzy de recharger leur compte dans des taxiphones, des kiosques à tabacs ou magasins de téléphonie mobile, via un simple SMS. Contrairement aux cartes de recharge qui portent des numéros, les revenus générés par « flexy » sont très difficiles à contrôler ni à estimer. Or, plus de 95% du parc client de Djezzy est constitué de prépayé. Le « flexy » représente donc l'essentiel des revenus de l'opérateur.
En attendant les résultats de ce contrôle fiscal, la situation a peu de chances de se débloquer. En décidant de rendre publiques ses difficultés en Algérie, Orascom Telecom confirme implicitement avoir épuisé tous les recours, notamment politiques et diplomatiques.
Cette situation confirme l'existence d'un profond différend entre le gouvernement algérien et le l'opérateur mobile. Depuis la vente, en 2007, des cimenteries algériennes d'Orascom au français Lafarge, le groupe égyptien est vu davantage comme un spéculateur qu'un investisseur engagé durablement en Algérie. Des craintes confirmées par la décision d'OTA de réduire très fortement ses investissements ces deux dernières années, et ce malgré un rentabilité élevée. Enfin, des négociations engagées discrètement l'année dernière avec France Télécom puis cette année avec Vivendi pour la vente de Djezzy ont rendu quasi-impossible une amélioration des relations entre les deux parties.
Mais le dossier Orascom est loin d'avoir livré tous ses secrets. Dimanche dernier, lors d'une conférence de presse à Alger, le DG d'OTA, Thamar Al-Mahdi, niait encore l'existence de difficultés en Algérie. Il démentait jusqu'à la réduction des investissements de l'opérateur - des chiffres pourtant disponibles dans les rapports financiers du groupe- et annonçait de faux chiffres sur l'investissement -500 millions de dollars. Des affirmations démenties, mardi, par les propos de la maison mère de l'opérateur sur le dossier des dividendes. Ce décalage entre la communication de la maison mère et les propos du DG de sa filiale algérienne illustre une situation de malaise.
Pour sa part, le gouvernement algérien continue d'observer le silence. Hormis la critique formulée indirectement, le 23 juillet 2008, par le président Bouteflika sur l'affaire de la vente des cimenteries d'Orascom, aucun responsable algérien n'a évoqué publiquement le dossier. Pourtant, les dernières mesures en matière d'investissement étranger ont été prise en partie en réaction à l'affaire Orascom-Lafarge.
Source : Tout Sur l'Algérie au 26/08/2009
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