lundi 15 août 2011

Affaire Djezzy : le gouvernement plus souple ?


Quelques indices laissent penser à une décantation ; pour preuve ; le retour de la marque sur les écrans de la télévision

Après plusieurs mois d’absence, Djezzy est de retour à la télévision. La télévision nationale, avec ses quatre chaînes (les satellitaires, plus la terrestre), s’ouvre ainsi à une filiale de téléphonie, honnie, il y a de cela quelques mois. La télévision diffuse aujourd’hui les spots publicitaires de Djezzy à des heures de grande écoute (avant et après le JT de 20 Heures). Le premier spot publicitaire de Djezzy, « Pour la vie », est conçu, à 100 %, en Algérie, par une agence de communication algérienne. C’est une succession d’images relatant la vie de citoyens algériens ordinaires. Du point de vue sémiologique, cela signifie, entre autres, que Djezzy, une des filiales les plus rentables d’OTH, fait partie du paysage algérien, de la société algérienne et veut y rester. Du point de vue économique et commercial, cela traduit une volonté de la direction de Djezzy de vouloir redorer l’image de l’entreprise, de se replacer sur le marché algérien, en attendant que soit réglé le conflit qui l’oppose au gouvernement algérien. Est-ce à dire, pour autant, qu’il y a quelque chose qui a changé ? ou est en train de changer, dans le dossier Djezzy ? Y a-t-il rapprochement entre le gouvernement algérien et les responsables de Djezzy, pour trouver un terrain d’entente, trancher à l’amiable ? Possible ! Ce dont les experts de la téléphonie sont sûrs, c’est que l’Etat algérien n’a pas intérêt à ce que cette affaire soit portée devant une instance arbitrale internationale. Si elle l’est, l’Algérie va débourser de l’argent colossal pour boucler ce dossier. Elle en a déjà engagé assez dans le processus d’évaluation de cette entreprise, une opération qui tire à sa afin. Autre chose, si demain les autorités algériennes décident de « nationaliser » Djezzy, cela pourrait se révéler « problématique », dans un contexte où le climat des affaires en Algérie est discutable, ainsi que nous l’explique M. Harbi, consultant et membre du Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE). Poussant son analyse plus loin, M. Harbi souligne que « si chaque fois qu’il y a une transaction à l’international, un conflit qu’il faut certes gérer, l’Etat intervient pour ‘‘ invoquer la péremption ’’ ou imposer une formule, une solution de rachat, cela pourrait paraître ‘‘ inapproprié ’’, voire ‘‘ mal vu ’’ par la communauté internationale des affaires. Et, puis, pourquoi vouloir -c’est une hypothèse- avoir deux groupes publics de téléphonie mobile, alors que la tendance générale en matière d’investissement dans ce domaine est dans le privé ». Djezzy, lui, n’a pas intérêt également à quitter le marché algérien, de le perdre. Cependant, une question : quelle serait la reconfiguration de Djezzy si jamais l’Etat s’en emparait ? Prendrait-elle la forme d’une société à capitaux publics, ou mixtes ? Les autorités algériennes, le ministre de la Poste et des TIC en tête, se montrent peu prolixes, ne communiquant pas assez sur ce dossier. Elles soulignent vaguement que cette affaire est sérieusement prise en charge par des experts auprès du cabinet du Premier ministre. Aucun délai n’a été cependant fixé pour son traitement. Et en réponse à certains milieux qui se font des a priori sur ce dossier, elles estiment que chaque pays est « souverain » dans la prise de décisions qu’il juge « nécessaires » pour la « sauvegarde » de ses intérêts économiques.

Source : Hebdomadaire ITMag au 15/08/2011


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