dimanche 27 juin 2010

Maroc : Meditel va reprofiler sa dette

Le second opérateur de téléphonie mobile au Maroc, Meditel, va reprofiler sa dette, estimée à plus de 4,5 milliards de dirhams, affirme la presse spécialisée. Meditel a récemment signé, selon la ‘’Vie Eco’’, avec un consortium regroupant pratiquement toutes les banques marocaines un contrat de prêt à moyen terme portant sur 5,5 milliards de DH, soit 120% de plus que son endettement actuel et 4 fois le cash-flow dégagé au titre de l'exercice 2009.

L'opération est plutôt un reprofilage de ses engagements auprès des banques. Ayant pu ramener sa dette à 4,5 milliards de DH à la fin de l'exercice écoulé, après qu'elle ait culminé à 7 milliards de DH, il y a quelque années, Meditelecom, devenu à 100 % marocain, aligne les exercices bénéficiaires depuis trois années, et veut alléger le poids de sa dette. Les 5,5 milliards de DH levés iront d'abord à l'apurement des 4,5 milliards de DH représentant l'encours de la dette dont l'échéance de remboursement était fixée à 2013, ce qui lui imposait de débourser près de 1,12 milliard de DH en moyenne annuel sur quatre exercices.


Le nouveau prêt qui, lui, s'étale sur six ans (échéance 2016), devrait lui permettre à la fois de disposer d'une trésorerie immédiate d'un milliard de DH supplémentaire, mais surtout d'économiser 200 millions de DH par exercice au titre des ‘’tombées à moins d'un an’’ et d'augmenter son cash-flow potentiel de 500 millions de DH. Meditel affiche plus de 10 millions d’abonnés et détient désormais 37,30% des parts de marché à fin mai 2010. Au 31 décembre 2009, Meditelecom a réalisé un chiffre d’affaires de 4,5 milliards de dirhams, en hausse de 2,2% par rapport à 2008. Le cash flow opérationnel avait enregistré un bond de 62% par rapport à 2008 en s'établissant à 1,2 milliard de DH, alors que la dette du groupe a baissé de 1,5 milliard de DH.


Un rachat très onéreux


En septembre 2009, les pouvoirs publics au Maroc avaient décidé de racheter les parts des deux actionnaires dans le capital du second opérateur de téléphonie mobile, l’espagnole Telefonica et le portugais Portugal Telecom. De son nom complet ‘’Meditelecom’’, cet opérateur a été créée en 1999 par les deux groupes espagnol et portugais, qui en détenaient 32,18% du capital chacun. En septembre 2009, ils vendent leurs actions et le tour de table est opéré par la puissante CDG (Caisse de dépôts et de gestion) et FinanceCom. L’opération aura coûté aux deux banques marocaines, très introduites dans le circuit financier de la place avec la gestion d’importants portefeuilles, près de 800 millions de dollars. Meditelecom comptait, il y a un an, moins de dix millions d’abonnés au téléphone mobile et les services Internet. L’opération paraissait un peu risquée pour les nouveaux acquéreurs, néophytes dans le domaine des Télécoms.


La CDG est le premier groupe bancaire public et FinanceCom le second groupe financier et bancaire privé de la place marocaine. Dorénavant, les deux groupes marocains, qui détenaient au départ chacun 18% du capital de Meditel en partagent désormais le capital. Globalement, la répartition est plus en faveur du groupe privé de Benjelloun (BMCE) qui, à travers ses filiales RMA Al Wataniya (13,06%) et Financecom (5% + les 32,18% nouvellement acquis), détient 50,24% des actions.


La CDG, via Holdco (17,58%) et Fipar (32,18% nouvellement acquis) détient le reste, soit 49,76%. Pour autant, la répartition des voix au sein du conseil d’administration sera faite de manière paritaire. Il s’agira en sorte d’une cogestion, à l’image du schéma antécédent mis en place par Telefonica et Portugal Telecom. Moins d’un an après cette grande opération de rachat, il faut donc remettre de l’ordre dans les comptes. Peut être avait-on vu trop grand...

Source : Maghreb Emergent au 27/06/2010

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