vendredi 4 juin 2010

Alger – Orascom - Paysage avant la bataille de l’estimation de Djezzy



Le décor est planté avant la bataille de la négociation sur l’estimation de Djezzy : Naguib Sawiris a d’emblée placé la barre haute en affirmant que le sud-africain MTN a proposé la somme de 7,8 milliards de dollars pour la filiale algérienne d’Orascom Télécom. Coté algérien, on indique qu’il n’y a pas de délais pour la négociation et que le premier ministre Ahmed Ouyahia supervise directement le groupe d’expert qui va négocier avec OTH.

7,8 milliards de dollars proposé par le sud-africain MTN pour l’achat de la seule filiale OTA (Djezzy). L’assertion de Naguib Sawiris fait sourire les experts même s’ils ne lui dénient pas une certaine habileté. Alors que le gouvernement algérien en est encore à constituer le groupe d’experts qui va négocier avec Orascom Télécom le prix de la cession de Djezzy, le milliardaire égyptien a pris une longueur d’avance en lançant sur la scène médiatique un prix destiné à « fixer » le niveau de la négociation. En affirmant que MTN – qui continue à négocier l’achat d’autres actifs d’Orascom Telecom – a offert un prix si élevé, Naguib Sawiris entame de fait une campagne en direction des marchés. Il s’agit très clairement d’essayer de déstabiliser les négociateurs algériens qui estiment l’actif à un prix sensiblement inférieur à celui lancé par Naguib Sawiris. « Cette information donnée par Sawiris doit faire partie de son plan de communication, elle place la barre haute face aux autorités Algériennes… Sawiris tente de les « intoxiquer » en indiquant aux marchés qu’il disposait d’un acheteur pour 7.8Milliards de USD » estime un expert. En essayant d’accréditer ce chiffre, le patron d’OTH cherche à placer l’Algérie dans une situation embarrassante. « Si l’Algérie donne un prix inférieur, elle passerait pour un « spoliateur » de tous les investisseurs d’OTH » ajoute cet expert. Il faut souligner que la valeur OTH cotée à la Bourse du Caire est présente dans tous les portefeuilles arabes. La manœuvre confirme l’habileté politico-médiatique de Sawiris qui cherche ainsi à « impliquer » les investisseurs des autres pays arabes.

MTN n’a rien dit sur son offre

La réalité de l’offre précise de MTN sur Djezzy, est, en vérité, difficile à établir en l’absence de toute communication sur ce sujet du côté de l’offreur sud africain. Indicateur significatif, au moment de l’annonce des négociations MTN-Orascom, l’opérateur sud-africain cherchait à lever une somme de 5 milliards de dollars, dont on ne sait pas quelle part de la transaction elle représentait. La négociation portait alors sur Djezzy mais incluait aussi des actifs en Tunisie, République centrafricaine, Burundi, Namibie et le Zimbabwe. La sortie médiatique de Naguib Sawiris confirme en tout cas l’analyse d’Omar Berkouk , expert financier international, qui estime que « la valeur de Djezzy sera déterminée par l’état des rapports de force diplomatique, médiatique et juridique (arbitrage) ». Ces facteurs sont importants pour l’analyse des conditions de la transaction envisagée. Dans l’absolu, s’il est de bonne guerre pour le vendeur de surestimer la valeur de son bien, il est tout aussi légitime pour l’acheteur de minimiser sa mise de fonds. Et de faire entrer en ligne de compte, par l’un et l’autre, des éléments non-objectifs. Cela en particulier lorsque les parties à l’échange sont de même nature. Mais la démarche en la matière n’est pas celle de la négociation commerciale traditionnelle entre deux individus ou deux entreprises, où effectivement les influences et des facteurs non-quantifiables peuvent jouer un rôle déterminant.

Des précédents existent où des Etats ont nationalisé ou fait jouer leur droit de préemption. Dans ces situations, il est d’usage, en règle générale, par souci d’équilibre et de transparence de confier à une tierce partie reconnue le soin de fixer le prix et les modalités de règlement de la transaction. Des experts indépendants peuvent parfaitement livrer des évaluations objectives sur la base de la valeur réelle des actifs.

Sous la supervision d’Ouyahia

Coté algérien, les informations qui sortent portent, non sur l’estimation de Djezzy, mais sur le dispositif de négociations. Le gouvernement algérien, unique acheteur de Djezzy, refuse de se voir imposer un timing pour la conclusion d’une éventuelle transaction. Le nouveau ministre de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Moussa Benhamadi, l’a affirmé jeudi en précisant que le dossier Djezzy – OTA est pris en charge par des experts auprès du cabinet du Premier ministre. « Ce dossier est sérieusement pris en charge par des experts auprès du cabinet du Premier ministre, il faudra attendre. Il s’agit de négociations de haut niveau dans le domaine financier et de l’organisation », a déclaré, à la presse M. Benhamadi. « La gestion du dossier relève des seules prérogatives du Premier ministre, seul habilité à se prononcer dans le strict respect de la loi algérienne et des intérêts du pays » a-t-il indiqué.

Source : Maghreb Emergent au 04/06/2010

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