mercredi 28 décembre 2011

Les documents biométriques confiés à l’imprimerie officielle

La confection des passeports et des cartes d’identité biométriques est en passe d’être, en partie, résolue. C’est l’imprimerie officielle qui en assurera la production, avec support électronique intégré, et c’est probablement la technologie de fabrication allemande qui sera retenue pour cela. Il reste la manipulation de la data, partie « noble » des documents à affecter. Marché délicat. En stand by.

Le directeur de l’imprimerie officielle, Mahfoud Karbadj, vient de rentrer d’une tournée en Allemagne et en Autriche. La virée germanique était faite d’escales chez les principaux fabricants de machines à même de confectionner les documents biométriques. D’après une source proche du dossier des « documents biométriques » le choix s’est porté sur la qualité allemande. Aucun risque, la meilleure technologie actuellement en usage dans le monde est fabriquée dans la patrie de Gutenberg.

L’éviction d’un fabricant national, HB Technologies, cartes à puces et documents ID biométriques, dans la grande bataille commerciale autour du marché des documents biométriques, a eu au moins le mérite de tirer la sonnette d’alarme sur la sécurité des données des algériens à confier aux entreprises étrangères. C’est cette même technologie allemande qui est en usage chez HB Technologies, l’acteur algérien de la filière des supports numériques. Les spécifications techniques ne seront, évidement, pas similaires en raison des multiples usages. A titre d’exemples HB technologies fabrique aussi des puces en usage dans le monde bancaire et des télécoms sans fil (portables). Pour rappel, avant son éviction du marché de la biométrie institutionnelle en Algérie, cette société avait conclu un accord avec le Centre de développement des Techniques avancées (CDTA) dans le cadre d’une coopération pour la mise en œuvre d’un système de cryptage et de reconnaissance de données à 100% algérien.

Le précédent de la carte Chiffa dans les esprits

Ainsi les pouvoirs publics ont coupé la poire en deux en rapatriant la fabrication des documents en Algérie et en les confiant à l’imprimerie officielle. Toutefois le doute subsiste quant à la protection des données qui dépendront en partie des pertinents choix de logiciels de cryptage des données et leur introduction dans les documents et les bases de données. Le choix technique du cryptage et de la protection des données sera-t-il confié à des étrangers ?

Le plus grinçant dans cette affaire économico-sécuritaire est le fait que les postulants étrangers sont souvent recalés dans leurs propres pays au profit d’institutions officielles et souveraines. Il en est ainsi de la France qui confie la fabrication de ses passeports à l’imprimerie de la Banque de France.

Le feuilleton de la carte Chifa de la sécurité sociale est pourtant vivace dans les mémoires et devrait enclencher une réflexion à la dimension économique et sécuritaire du projet des documents biométriques. La carte Chifa accuse, encore, un retard immense dans sa généralisation, avec une technologie discutable, du fait même du choix d’un partenaire de classe inférieure à la taille de l’opération. Cette expérience grandeur nature n’a eu aucun écho au ministère de l’Intérieur. Le marché de la numérisation des supports est encore balbutiant en Algérie notamment à cause des retards pris par le paiement électronique de masse. Un dossier toujours pendant à cause d’une série de blocages administratives et de l’absence de volonté politique de basculer à l’ère de la traçabilité numérique dans les flux d’argent.

Source : Maghreb Émergent au 28/12/2011

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