jeudi 7 juillet 2011

Quand téléphonie rime avec cacophonie

S’il a permis à la société algérienne de prendre un raccourci fulgurant vers la modernité, il faut bien avouer que l’intégration du téléphone portable dans nos mœurs ne s’est pas faite sans quelques «effets collatéraux», pour ne pas dire «pervers».

Et dans ce chapitre, la liste des comportements inciviques relevés par les personnes interrogées s’avère longue entre musiques agressives, sonneries intempestives et autres dérèglements sociaux. «J’ai vu des gens brailler dans leur portable en plein enterrement», s’indigne un citoyen. En plein amphi, à l’hôpital, au cimetière, à la mosquée, au tribunal, au milieu d’un briefing, il est devenu presque impossible de se prémunir d’une sonnerie déplacée. «Les Algériens ne connaissent décidément pas la fonction ’’silencieux’’ ou ’’vibreur’’ de leur portable», s’emporte une ménagère. Une prof de français dans un collège raconte : «Dans ma classe, c’est la foire. Presque tous mes élèves ont un portable et ça résonne à tout bout de champ.»

Dans des situations nécessitant une acoustique particulière, les appels impromptus s’avèrent particulièrement rageants : «On ne peut plus aller à un concert en Algérie», s’agace une jeune mélomane. «Un jour, je suis allée avec mon frère voir un concert de jazz. C’était la cacophonie totale avec les portables qui sonnaient à tout rompre. J’ai dû quitter la salle.» Idem au cinéma ou au théâtre où il n’est plus possible d’apprécier un moment d’évasion sans se voir ramener brutalement au quotidien par une irruption sonore tapageuse. Au chapitre des désagréments toujours, d’aucuns insistent sur les abus constatés dans l’utilisation de certaines fonctionnalités, notamment la vidéo. «Je n’ose plus descendre à la plage alors que c’est tout près de chez moi.

Des jeunes ont désormais la manie de faire des tofs avec leurs portables en ciblant les jeunes filles», témoigne une vacancière. Parfois, cela va plus loin. Ainsi, El Khabar rapportait récemment l’affaire d’un jeune homme qui a comparu devant le tribunal pour avoir souillé l’honneur de son ex-fiancée par portable interposé. Après l’avoir enlevée, séquestrée, il a abusé d’elle avec la complicité d’un acolyte en la filmant dans des postures avilissantes avec son téléphone. Il s’est ensuite attelé à diffuser ces vidéos auprès de son réseau de connaissances. Last but not least : il convient d’ajouter l’incongruité des musiques faisant office de sonnerie et qui tranchent parfois violemment avec le «statut» affiché. Mais il est vrai que les goûts, «les sons» et les couleurs ne se discutent pas…

Source : Journal El Watan au 07/07/2011

Repères

- 32 780 165 abonnés à la téléphonie mobile ont été recensés à fin 2010 tandis que le téléphone fixe compte 3 millions d’abonnés, selon l’ARPT.

- Le taux de pénétration de la téléphonie mobile était de 90,30% en 2010 contre 91,68% en 2009.

- 94% des abonnés aux réseaux mobiles utilisent la formule prepaid.

- Djezzy reste leader du marché avec 46% en 2010 et 13 millions d’abonnés. OTA a toutefois perdu plusieurs points, du fait notamment des répercussions du match Algérie-Egypte. A titre de comparaison, en 2008, Djezzy détenait 63% du marché, selon l’ARPT.

- L’opérateur historique Mobilis arrive en seconde position avec 28,8% de parts de marché et 9 446 774 abonnés en 2010. Nedjma occupe la troisième position avec 25,2% de parts du marché algérien à fin 2010 et 8 245 998 abonnés. Wataniya Telecom Algérie domine cependant le marché en termes de nouveaux abonnés.

- Selon l’ARPT, 15 685 stations de base (BTS) assurent la couverture réseau pour l’ensemble des opérateurs. 259 agences commerciales et 60 763 points de vente de téléphonie mobile à travers le territoire national sont, en outre, recensées.

- Selon le rapport de l’ARPT pour l’année 2009, le trafic global des réseaux mobiles a été de 53,9 milliards de minutes en 2009.

- Le volume mensuel des communications d’un abonné moyen à un réseau mobile algérien a été de 150 minutes (2h30 mn) en 2009.

- Le chiffre d’affaires du secteur des télécommunications a été de 364,1 milliards de dinars pour l’année 2009 (3,57% du PIB). L’essentiel de ces revenus provient de la téléphonie mobile qui a engrangé un chiffre d’affaires de 222,1 milliards de dinars en 2009.

Source : Journal El Watan au 07/07/2011

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