dimanche 3 juillet 2011

Djezzy : Salaires, syndicat : les employés montent au créneau

Depuis des années, grâce à notre travail, l’entreprise s’enrichit. Et nous, on n’a rien.» Mohamed, employé dans un centre de service de Djezzy, premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie, a la coupe pleine.

Lui, il supporte de moins en moins les conditions de travail au sein de cette société étrangère, propriété du magnat égyptien de télécoms, Naguib Sawiris. «La charge de travail est de plus en plus dure à assumer», s’offusque ce père de quatre enfants. Avec un salaire mensuel de 30 000 DA (300 euros), Mohamed, qui vit avec ses parents faute de logement, éprouve des difficultés à boucler ses fins de mois. «Il m’arrive de m’endetter», témoigne ce salarié, la quarantaine entamée. Si les travailleurs ne disposent pas de syndicat d’entreprise, ce n’est pas en raison d’un vide juridique. «La Constitution et le code relatif aux relations de travail garantissent le droit à l’exercice syndical. Nous manquons en revanche de culture syndicale», estime ce travailleur, un brin chagriné. Cela n’explique pas tout.

«Les employés redoutent d’éventuelles sanctions. Nous avons tous peur des représailles, au cas où nous déclencherions un mouvement, soutient Salah, 28 ans, agent de sécurité. A la moindre protestation, nous risquons d’être virés. Aussi, nous faisons profil bas. Et depuis des années.» Pas pour longtemps. Début juin, des salariés de cet opérateur, stimulés par les mouvements de contestation dans la fonction publique, ont observé, fait rarissime, un rassemblement devant la direction générale, à Dar El Beïda, à deux pas de l’aéroport international d’Alger. «C’est le moment où jamais de défendre nos droits. Personne ne le fera à notre place», s’enthousiasme Salah.

La direction a beau répéter que la société est au creux de la vague, cet argument ne convainc pas Salima, 36 ans : «Cela relève de sa responsabilité. Ce n’est pas à nous de payer les pots cassés. Des expatriés et autres consultants perçoivent des salaires mirobolants alors que nous touchons des miettes.» Même sans illusions sur la situation financière du groupe, les salariés réclament néanmoins des augmentations salariales, la répartition équitable des bénéfices annuels, le droit de créer un syndicat. Plus audacieux, des commissions de participation des employés. Le statu quo persiste, déplore Mohamed. «Et des cadres ont déjà quitté la société au profit du concurrent Nedjma.»

Source : Journal El Watan du 03/07/2011

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