mercredi 20 juillet 2011

NOUVEAUX COMPORTEMENTS SOCIAUX EN ALGÉRIE : Facebook ou le révélateur de talents et de vocations

Le réseau social le plus populaire en Algérie, qui compte plus d’un million et demi d’adhérents sur le territoire national, ne semble plus se limiter au papotage et aux échanges de photos et de vidéos, il s’est transformé au fil du temps en un réel miroir réflecteur de la pensée humaine et un révélateur d’ambitions chez des jeunes jusque-là muselés et limités.
En un seul clic, les gens peuvent ainsi aimer, commenter et partager une même cause et rejoindre des groupes aux intérêts communs dans des domaines aussi multiples que variés. Des groupes de jeunes et de moins jeunes qui partagent leurs impressions et collectent des voix pour s’unir autour d’un même objectif.

La cause animalière, une cause méconnue en Algérie

Jouer les défenseurs des animaux n’est plus réservé aux stars occidentales comme Brigitte Bardot ou Pamela Anderson, car avec Facebook, il est aisé d’intervenir et de réaliser de vrais miracles pour la sauvegarde d’animaux en danger ainsi que leur environnement naturel, comme c’est le cas pour les pages «Sauver le parc national d’El- Kala» ou «Parc national du Djurdjura» qui font dans la prévention et la mise à nu des richesses de ces sites menacés par le développement humain. Une autre page Facebook est à encourager et plébisciter ; révélée et parrainée par le journal El Watan Week-end «Un toit pour chat. Un chat pour toi», elle est une véritable fourmilière d’âmes charitables qui s’activent pour la cause animale. Cette association virtuelle à but non lucratif s’est fixé pour objectif de parrainer des chatons et des chiots, d’aider à leur entretien (vaccins, soins et nourriture), de permettre leur adoption ou de trouver des familles d’accueil provisoire, et tout cela avec la seule force de conviction et la publication de photos attendrissantes de bébés animaux en manque d’amour ou d’assistance. Ce groupe qui compte déjà plus de 5 970 membres reste ouvert à tous mais se limite pour l’instant à la capitale, il promet cependant de nous en faire voir de toutes les espèces.

Les révolutions sont également sur Facebook

Point de rencontres et de débats sans censure, Facebook a servi de plate-forme de rencontres pour nombre de révolutionnaires arabes, notamment les acteurs de la Révolution du jasmin et celle d’Égypte ainsi que pour les dizaines de manifestations sociales et politiques en Algérie. Le collectif pour la libération de Mohamed Gharbi n’est pas des moindres, puisque l’un des premiers à avoir mobilisé des masses virtuelles solidaires qui se sont vite concrétisées pour la libération effective de ce patriote. Les médecins résidents et les étudiants grévistes, la CNCD ont tous réussi à rassembler des gens autour d’un même objectif ; défendre leurs revendications sur le terrain en passant par ce réseau social. Le mouvement associatif est également très présent sur Facebook. D’habitude méconnues par le grand public, le web permet non seulement à ces structures culturelles, sociales et sportives de se faire connaître mais aussi de comptabiliser de nouveaux membres actifs dans leurs rangs. Ainsi, l’association Agir pour le développement et l’épanouissement de la jeunesse ne saurait s’en passer, notamment pour partager les ateliers de formation qu’elle organise ou encore pour mettre à la disposition de qui le souhaite un carnet d’adresses et de numéros de téléphone de sociétés algériennes pour ceux qui veulent postuler dans le domaine pétrolier ou informatique. Ness El-Khir est également une de ces associations qui méritent les encouragements et l’appui de la société civile ; les pages de Ness El-Khir sur Facebook sont de toutes les wilayas du pays. En effet, à Bouira, Alger ou Médéa, des groupes de jeunes bénévoles lancent des campagnes de volontariat dans des domaines variés tels l’environnement, l’aide aux personnes âgées ou démunies, la visite des personnes hospitalisées ou encore l’encouragement des enfants à la lecture. Facebook sert donc de support de communication pour les chantiers entrepris par ces jeunes humanistes et reste ouvert à quiconque en ressent l’envie et la vocation. Plus récemment encore, la page «contre la tenue du Festival international de Djemila» a réussi à réunir plus de 11 950 membres, des membres qui refusent que l’argent du contribuable soit jeté par les fenêtres en des salaires astronomiques pour des chanteurs et des présentateurs étrangers venus se prélasser gratuitement dans le luxe alors que la jeunesse algérienne croule sous le chômage et la mal-vie.

Gastronomie, musique et arts, toujours sur Facebook

La mondialisation et l’ouverture sur le monde via la télévision et Internet ont influencé profondément la notion de l’art en Algérie. Ainsi, la cuisine est devenue gastronomie, la musique de la création et l’art de l’inspiration. Côté papilles gustatives, Facebook ne cesse de révéler les talents de cordonsbleus de toutes les régions d’Algérie compte tenu de la grande variété que recèle notre terroir ; gâteaux au miel et amandes, ou sablés aux dattes, tajines et chorbas côtoient sur les pages Facebook les terrines et verrines, modernisées et algérianisées. Et dans ce domaine de remasterisation culinaire, on découvre Wafa, la créatrice du site wlad el jej, pour qui le réseau social est devenu un lieu de rencontre, de découverte et de commentaires autour de l’art de cuisiner bon et beau. Pour les mélomanes amateurs de nouveautés, Facebook permet aussi de découvrir nombre d’artistes aux moyens limités mais au talent parfois époustouflant. Le site ouvre ainsi des portes à ces artistes en les mettant en relation avec des professionnels ou juste des admirateurs qui les encouragent et les poussent en avant, et cela sans dépenser un sou pour la com. Pour finir, il est sûr qu’à ses débuts, le réseau social le plus connu dans le monde faisait plutôt penser à des échanges d’ados boutonneux en mal de relations et d’attention, ou au papotage de pipelettes qui n’ont en jamais assez, mais grâce aux initiatives hautes en valeurs de certains acteurs de la vie active qui, ne pouvant d’attendre des actions de la part des responsables, ont su prendre les devant et faire de ce genre de site de vraies plateformes de savoir et d’éducation, on peut admirer et apprécier ces échanges virtuels en sachant qu’ils peuvent se concrétiser à tout moment, et ainsi cliquer «j’aime» la technologie révélatrice de vocations et créatrice de talent.


Source : Quotidien Le Soir d'Algérie au 20/07/2011

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