mardi 14 juin 2011

Algérie : Développer l’usage d’internet

Les capacités haut débit de l’Algérie devraient presque doubler cette année, ce qui, au vu des plans ambitieux en termes de nouvelles connexions à la boucle locale, de généralisation de l’accès aux services électroniques, et d’accroissement de la connectivité internet mobile, devrait entraîner une hausse de l’usage d’internet et des abonnements.

D’après les derniers chiffres communiqués par l’Union Internationale des Télécommunications des Nations Unies, l’Algérie comptait 4,1 millions d’usagers d’internet en 2009 et affichait un taux de pénétration de 12 %. La hausse est rapide : en mars, l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications a indiqué que le nombre des abonnements ADSL s’élevait fin février 2011 à 830 000, portant le taux de pénétration à 10 %.Ce chiffre représente une croissance de plus 18 % par rapport à l’année 2009, au cours de laquelle le nombre des abonnements a plus que doublé, passant de 300 000 en 2008 à 700 000 en 2009.

Le principal opérateur télécoms fixe en Algérie se prépare d’ores et déjà à augmenter les capacités haut débit du pays. M’hamed Debouz, directeur général d’Algérie Télécom, a ainsi dévoilé en mars les projets d’extension du réseau à haut débit de l’opérateur public, lesquels comprennent l’augmentation du nombre de lignes internet à haut débit, qui passeraient de 1,8 millions à 6 millions à l’horizon 2014, et la mise en service de 500 000 lignes MSAN (nœuds d’accès multi-services) au cours de cette seule année.

M. Debouz a également indiqué que la capacité totale de la largeur de bande internet nationale, qui est actuellement de 45,9 gigaoctets par seconde (gbps), va plus que doubler pour atteindre 100 gbps fin 2011, lorsque Algérie Télécom et son partenaire espagnol auront achevé la pose du câble sous-marin de 500 kilomètres de long reliant Oran à Valence. La hausse de la capacité sera donc de 400 % par rapport à 2009, lorsqu’elle s’élevait à 20 gbps.

Grâce à ces améliorations, l’entreprise proposera de nouvelles offres haut débit à destination des clients particuliers et professionnels pouvant atteindre respectivement 8 mégaoctets par seconde (mbps) et 20 mbps, poursuit M. Debouz. Pour réaliser ces objectifs, l’entreprise déploie de nouveaux câbles à fibres optiques dans le pays. En février, Algérie Télécom a ainsi annoncé son projet de déployer 228 kilomètres de câbles à fibres optiques à Tbessa, en Algérie orientale, multipliant quasiment par deux son réseau de câbles à fibres optiques dans la région, qui atteindrait alors 446 kilomètres.

L’une des solutions récemment imaginées par Algérie Télécom pour inciter ses clients à souscrire un abonnement ADSL a été la mise en place de la promotion « Sehelli ». Celle-ci consiste en un programme d’amnistie qui permet aux clients dont la ligne fixe a été suspendue pour défaut de paiement, de non seulement facilement réactiver leur ligne, mais de bénéficier par ailleurs d’une connexion ADSL et d’un routeur sans fil dès le premier remboursement. Le programme a permis à l’entreprise de recouvrir environ 400 millions de dinars algériens (soit 3,9 millions d’euros) de factures impayées au cours des quatre mois précédent le mois de mars de cette année.

L’arrivée en Algérie de la téléphonie mobile 3G devrait également donner un large coup d’accélérateur à la disponibilité et à l’usage d’internet, en particulier pour ce qui concerne les taux de pénétration de la téléphonie mobile qui sont nettement supérieurs aux taux d’installation de la téléphonie fixe. Joseph Ged, PDG de Wataniya Telecom Algérie (WTA), a annoncé au mois de mars que l’opérateur souhaitait se porter candidat à une licence 3G dans le courant de l’année prochaine. Il n’y a actuellement aucun opérateur 3G dans le pays, le lancement de ce service ayant été plusieurs fois reporté par le passé. WTA exploite la marque de téléphonie mobile Nedjma, deuxième opérateur du pays en termes de nombre d’abonnés, avec une part de marché revendiquée de 30 %.

M. Ged a également annoncé que l’opérateur envisageait d’investir quelque 105 millions d’euros pour développer son réseau mobile en 2011 et être prêt à réaliser des investissements substantiels pour établir un réseau 3G. Ces investissements, ajoute M. Ged, seront financés par l’introduction en bourse de Wataniya.

Les tout derniers développements pourraient cependant contrecarrer les plans de WTA. Cherif Ben Mehrez, porte-parole du projet e-Algérie du ministère de la poste, des technologies de l’information et de la communication, est ultérieurement intervenu au mois de mars pour indiquer que le gouvernement prévoyait de ne pas passer par la 3G et de lancer directement un réseau 4G. D’après M. Mehrez, un service 4G pourrait voir le jour avant la fin 2011, déclaration qui semble toutefois optimiste compte tenu des problèmes qui ont empêché le lancement de services 3G en Algérie, et du fait que l’exploitation commerciale à grande échelle de cette technologie n’a encore été déployée nulle part ailleurs dans le monde.

Un des facteurs qui a freiné l’utilisation des services internet en Algérie est le manque de contenu, en particulier dans le domaine des e-services. Les profils en ligne relativement succincts de la majorité des entreprises algériennes soulignent les retards du pays en matière d’utilisation d’internet. Il est par ailleurs difficile de trouver des sites internet algériens acceptant les paiements électroniques, ce qui limite les possibilités de transaction en ligne. Toutefois, Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l’Association des banques et des établissements financiers, a indiqué dans un entretien accordé au mois d’avril à Tout Sur l’Algérie, que le gouvernement s’employait avec les banques à généraliser les systèmes de paiement électronique d’ici 2013. Cette mesure, si on l’associe aux services d’internet mobile et au lancement futur des réseaux de prochaine génération, devrait contribuer à l’essor rapide de l’utilisation d’internet en Algérie au cours des années à venir.

Source : OXFORD BUSINESS GROUP au 14/06/2011

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