dimanche 12 octobre 2008

Opérateurs étrangers de téléphonie : Où vont les profits ?

La chute des prix du pétrole amorcée depuis le mois d’août invite à reconsidérer les facilités et privilèges accordés aux investisseurs étrangers. Plus exactement leurs conditions d’octroi et les plafonds consentis. De pays excédentaire, l’Algérie risque de devoir trouver l’argent nécessaire en recourant à des crédits extérieurs pour financer ses importations et ses grands projets d’infrastructures. Comme dans les années 1990. Les prémisses ou signes précurseurs d’une telle perspective ne sont pas à écarter ou du moins à négliger à moyen terme.


Déjà quelques signes précurseurs. L’Algérie ne figure plus parmi les priorités du groupe France Télécom. Dans une interview publiée par le Financial Times du 15 septembre 2008, son PDG Didier LOMBARD se garde, pour la première fois, d’évoquer la privatisation d’Algérie Télécom comme un objectif prioritaire pour son groupe. Un roupe au demeurant florissant qui affiche cette année un cash flow de près de 8 milliards d’euros. Jusque là, la stratégie de développement à l’International de France Télécom affichait beaucoup d’intérêts pour la privatisation d’Algérie Télécom mais également, depuis quelques mois, pour un partenariat capitalistique avec l’un des deux opérateurs mobiles privés présents sur le marché, Djezzy (filiale d’Orascom Télécom) et Nedjma (filiale de QTel). France Télécom prévoyait même de s’implanter en Algérie avant la fin de cette année.


L’excès est mauvais en tout. L’ouverture tous azimuts opérée depuis 2000 a provoqué un effet de balancier avec un regain de nationalisme économique que le partenaire syndical applaudit des deux mains, allant jusqu’à faire de SNVI le joyau et la fierté du modèle industriel National. Dans le prolongement de cette tendance, le gouvernement revient sur la privatisation de l’opérateur Algérie Télécom. En tout cas, elle n’est plus inscrite parmi ses priorités. Jusque là, l’Algérie donnait l’impression de troquer des avantages proportionnellement à la dégradation de la situation sécuritaire.Une réaction, au demeurant légitime, oeuvrant à restaurer la confiance et à forcer quelque peu le destin. Un destin fortement attaché à la conjoncture pétrolière.


Or, Le coût de l’accès aux ressources pétrolières est tel qu’un baril de brut à moins de 80 dollars va créer une situation difficile à gérer pour l’Algérie. Le pays a entrepris en 2005 un vaste programme de construction et de modernisation de ses infrastructures de base, en s’appuyant sur l’argent du pétrole. Par ailleurs, l’Algérie dépense en moyenne 15 milliards de dollars par an pour maintenir la paix sociale en subventionnant les produits alimentaires de base (blé, lait…). Jugée à l’aune de l’adage « Qui tient son alimentation tient sa dignité », la situation est très critique.


La facture alimentaire était de 4,8 milliards de dollars en 2007. Elle pourrait passer à 6 milliards US$ fin 2008 et à 15 milliards US$ en 2015. En 2007, les importations alimentaires se répartissent à peu près dans la même proportion entre les produits agricoles et les produits agro-industriels. Les blés durs et tendres (cinquième rang mondial avec un volume de 60 millions de quintaux et une facture de 1,39 milliard $), la poudre de lait (environ 120 000 tonnes) les huiles de graines (400.000 tonnes), le sucre (1million de tonne) et les légumes secs (200.000 tonnes) pour l’alimentation humaine, ainsi que le maïs et les tourteaux de soja pour l’alimentation animale comptent pour environ 80 % de la facture alimentaire totale.


On mesure mieux l’étendue des dégâts qui pourraient résulter d’un revirement de la conjoncture pétrolière lorsqu’on passe au peigne fin, la question des transferts. Le calcul est simple : l’Algérie exporte 1,4 millions de barils par jour. Autrement dit, elle gagne 140 millions de dollars par jour sur la base d’un baril à 100 dollars, soit 50 milliards de dollars par an. Or, les importations vont atteindre 35 milliards de dollars en 2008. La chute des prix du pétrole de 20%, à 80 dollars le baril, va ramener nos recettes en devises constituées à 98% d’hydrocarbures à moins de 40 milliards de dollars. Soit un écart de seulement 5 milliards avec notre volume d’importations.


Le portable ou le couscous ?

Plus inquiétant, le recul des prix du brut intervient au moment où les importations de l’Algérie augmentent d’une façon vertigineuse. Plus de 32% en 2008 (35 milliards de dollars prévus) par rapport à 2007 (28 milliards de dollars). Et ce n’est pas fini. Les importations algériennes constituées en partie de produits alimentaires et de médicaments devraient atteindre la somme colossale de 47 milliards de dollars en 2012, selon des prévisions du Fonds Monétaire International (FMI), rendues publiques début 2008.


Le téléphone, qui nous intéresse ici, représente déjà à lui seul un marché de 1,96 milliards de dollars. Ce qui dépasse déjà toute notre consommation annuelle importée de couscous. Sa gestion est passée d’un monopole total de l’Etat à l’externalisation et l’extraversion puisque deux opérateurs étrangers se partagent le gros des parts de gâteau : Orascom Télécom Algérie (64%) et Wataniya (18%). Traduite crûment, la crainte sort de la bouche d’un homme qui sait de quoi il parle pour avoir été, à deux reprises (1999- 2002, 2003-2005) Ministre des Finances, en ces termes : « Sur le plan financier, les profits générés dans le secteur ne sont pas réinvestis dans le secteur, notamment par le deuxième opérateur - suivez mon regard –(…)


La privatisation ne doit pas constituer un facteur supplémentaire d’extraversion du secteur, mais au contraire contribuer à renforcer l’intégration économique Nationale ». Les perspectives s’annoncent encore plus « saignantes » si le pays demeure dans la même logique. Le taux de pénétration n’étant « que de » 71%, il reste encore de la marge, alors le taux annuel moyen de croissance est promis à des hauteurs respectables : 8,5%. Ce qui autorise à dire qu’en 2012, le téléphone représentera un chiffre d’affaires de 2,74 milliards de dollars Transferts de propriété et transfert de dividendes et de ressources inquiètent au plus haut point des Algériens.


La tête de la pieuvre

Les Sawiris font partie de la minorité copte, un ancien mouvement chrétien présent en Egypte et représenté par une diaspora qui va des Etats-Unis à l’Australie. Onsi SAWIRIS est le fondateur du groupe Orascom. Sa holding de tête, Weather Investments SPA regroupe ses actifs dans les télécoms, à commencer 51% du capital d’Orascom Telecom Holdings, un opérateur téléphonique moyen-oriental et africain, ainsi que l’italien Wind et le grec Wind Hellas. Son fils Naguib, né en 1954, en est actuellement le PDG... Il est aussi Directeur Général de Wind Telecomunicazioni et de Mobinil. Sa fortune est estimée à 10 billions de dollars par Forbes. Il envisage de céder de 10 à 12% - selon le Wall Street Journalde Weather Investments à des fonds de «private equity», des fonds vautours chargés de s’emparer des entreprises en difficulté, de les relooker et de s’en débarrasser à très bon prix. A ce titre, des discussions ont été engagées avec Blackstone et Apax Partners. Le nom du fonds texan Texas Pacific Group a également été évoqué. « Nous sommes optimistes quant à l’issue de la transaction », a assuré SAWIRIS à Reuters. « Je pense que l’opération interviendra avant Noël (2007)».


Avec les 1,2 milliards d’euros qu’il pense retirer de cette cession, SAWIRIS entendait faire face aux échéances de dette qui attendent le groupe en juin dernier. L’opération avec Blackstone serait une sorte de revanche pour le fonds US, candidat malheureux à la reprise du deuxième opérateur télécoms italien Wind en 2005. Orascom avait finalement remporté 71% du capital de Wind ; en finançant le tout par endettement, ce qui explique son besoin de cash en juin dernier. Les transactions d’Orascom sur le marché financier ne sont pas une partie de plaisir, ni de tout repos. Financial Times a indiqué le 9 octobre 2007 qu’un de ceux qui a aidé Naguib SAWIRIS à remporter le dossier Wind, Alessandro BENEDETTI, allait l’attaquer en justice pour lui exiger ce qu’il estime être sa commission pour le succès de l’opération : le tiers du capital de Wind ...


Transfert de dividendes

La réouverture de la fin du monopole du mobile, au profit du capital étranger, incite à se poser moult questions : qu’a apporté OTA en ressources propres pour se servir en premier sur un marché plutôt captif que concurrentiel ? N‘a-t-on pas accordé la licence de téléphonie mobile pour favoriser l‘essor de Orascom alors qu’il était en cessation de paiement auprès de ses fournisseurs – dont Alcatel et Siemens ? L’ouverture du marché algérien de la téléphonie a été entamée en 2002 par une première concession pour un montant de 700 millions de dollars. Plus avisés que nous, nos voisins marocains qui présentent un marché équivalent, ont cédé 50% du capital de Maroc Télécom pour 1,5 milliards d’euros (l’équivalent de 2,2 milliards de dollars) au groupe Vivendi avec, en prime, un siège marocain au conseil d’administration du dit groupe.


Sur ce point, comme sur bien d’autres, nous sommes beaucoup plus enclins et plus inspirés à disserter sur la corruption et les autres fléaux du Royaume Chérifien, qu’à nous rendre compte de la gravité du cancer qui nous ronge à un stade final. Revenons aux premiers pas d’OTA en Algérie. Trop peu pour le pays d’accueil, trop lourd pour l’opérateur, diront donc les plus sceptiques. Ils sont confortés dans leurs doutes par les difficultés d’Orascom Algérie à prendre pied chez nous en 2003 :


« L’analyse de l’entreprise laissait perplexe : Orascom Télécom Algérie, qui gérait un parc de près de 500.000 abonnés répartis à travers 12 wilayas, était toujours à la recherche de financements locaux et Internationaux pour ses équipements et faisait face à des échéances de paiement (seconde tranche de la licence, créances Alcatel et Siemens) qui lui posaient problème, ce qui mettait éventuellement en péril son dévelir opérationnel », se rappelle Abdellatif BENACHENHOU, dans son dernier ouvrage « Pour une meilleure croissance », récemment paru chez Alpha Design. L’opérateur entrant est rejoint en 2004 par Wataniya. En l’espèce, le ver semble être dans le fruit. En effet, outre que le montant de la concession n’est toujours pas intégralement versé, il autorise déjà l’opérateur à opérer un transfert de 600 millions de dollars par an. Trop, murmurent les experts. Y compris les plus modérés : « Le réinvestissement d’une partie de ses profits s’impose puisque le marché se développe et la concurrence, encore praticable, va être croissante: il faut densifier les stations de base, installer de la fibre optique, remplacer quelques équipements », écrit Abdellatif BENACHENHOU.


En comparaison, pour l’année 2007, Nedjma la filiale algérienne de Qatar Telecom (QTel), avait enregistré une perte nette de 35,2 millions de dollars en 2007, contre 41 millions de dollars en 2006. La concurrence n’est pas en cause ici. Bien au contraire : à la fin 2007, le nombre total d’abonnés dépasse les 17 millions, ce qui permet à l’Algérie de surclasser ses deux voisins en télédensité. Avec 13 millions de clients, l’Algérie représente aujourd’hui une part significative des résultats du groupe Orasocm Télécom Algérie (OTA). Djezzy semble avoir totalement mis la main sur les segments les plus juteux du marché, avec un revenu mensuel moyen par client (ARPU) - calculé sur la base des revenus moyens sur chaque trimestre – de 14 dollars. L’ARPU de Nedjma est d’un peu moins de 9 dollars, le plus faible de toutes les filiales de QTel à travers le monde. Plus simplement exprimé : si un client de Djezzy débourse 1400 dinars par mois en moyenne, celui de Nedjma se contente de 900 dinars.


Quoique la tendance générale soit à la baisse, en raison de l’extension géographique des réseaux et de l’accès à des populations moins fortunées, c’est Mobilis qui accuse ici la baisse la plus rapide. Alger, qui est la ville la plus riche du pays, abrite à elle seule 12% des abonnés OTA. Le paramètre ARPU a ceci d’important qu’il détermine le chiffre d’affaires. En 2006, OTA s’accaparait 64 % du chiffre d’affaires contre18% chacun pour Mobilis et Wataniya. Avec un revenu mensuel moyen de 2,5 Dinars koweitien, la filiale algérienne de Wataniya enregistre l’ARPU le plus faible de toutes les entités du groupe koweitien. Ce revenu moyen s’élève à près de 8 dinars en Arabie Saoudite et 15 au Koweit. Même en Tunisie, un pays où la téléphonie mobile est peu développée et le pouvoir d’achat des citoyens moins élevé que celui des Algériens, la filiale locale de Wataniya enregistre de meilleures performances que Nedjma.


Le malheur de Nedjma fait le bonheur de SAWIRIS.

C’est un cadeau dont il ne pouvait rêver nulle part ailleurs et qui, selon l’agence de notation financière américaine Standard & Poor’s (S&P), le gratifie de la note «B+», avec une perspective stable. Ailleurs, ce n’est que déconvenue. Voire déconfiture. Cette notation intervient notamment après l’annonce par Orascom Télécom de la vente de sa filiale irakienne. Auparavant, Orascom s’était débarrassé de ses licences africaines et jordanienne pour se consacrer à des marchés plus dynamiques, comme le Pakistan et l’Indonésie, Naguib SAWIRIS craint de perdre des parts de marché y compris dans son pays, suite à la fatwa édictée contre lui par le cheikh Youssef AL-BADRI, enseignant et chercheur cairote à Al-Azhar, pour avoir publiquement moqué le slogan du mouvement des Frères musulmans, représenté au parlement d‘Egypte : « l’islam est la solution ». La fatwa condamne le mode « léger et sarcastique » avec lequel l’homme d’affaires a évoqué l’islam, tout en invitant les musulmans « qui ont la preuve que Naguib SAWIRIS a tenu ces propos » de couper tout contact avec ses produits et les sociétés de SAWIRIS, dont Orascom Telecom au Moyen Orient et Mobinil, opérateur de télécoms mobiles pour 10 millions d’abonnés Egyptiens.


Transfert de propriété

Les tensions nées de la vente par Orascom de sa filiale ciment au français Lafarge ont rendu toute transaction concernant Djezzy et Nedjma quasi-impossible. Faux, semblent indiquer de premiers commentaires. Et des plus avisés : « Orascom a tiré le gros lot en Algérie. IL y aurait bien des raisons pour vendre : pic de la valorisation, nécessité d’aller vers des services plus sophistiqués, alors que le produit banal s’épuise, opportunités de redéploiement notamment aux Etats-Unis où le groupe rêve de faire son entrée en rachetant Bouygues et Vivendi. En Affaires, rien n’est jamais fini et les années qui viennent peuvent réserver des surprises», relève encore Abdellatif BENACHENHOU.


Les autorités ont réagi brutalement à la vente par Orascom de ses cimenteries au groupe français Lafarge. Une telle réaction qui peut être étendue à d’autres opérateurs étrangers, plaide pour une stratégie en matière de privatisation, de partenariat ou, plus généralement, d’ouverture du marché. Avec, notamment, la question du cahier de charge initial devant accompagner chacune de ces opérations. Nous oublions souvent que nous traitons avec des entités mondialisées, cotées en bourse et ouvertes à toutes sortes d’OPA ou autres opérations de fusion-acquisition. Si LAFARGE irrite, qu’en sera-t-il alors des incidences de la vente de l’opérateur de téléphonie Nedjma par Wataniya à Qtel ou de la vente du pétrolier canadien First Calgary à l’italien ENI, récemment conclue ? Sur ce terrain, nous ramassons tous les ingrédients d’un cocu, doublé d’un maso. Des actifs algériens sont monnayés ailleurs sans qu’on ait mot à dire. BNP Paribas (BNP) – celle-là même qui a ficelé le dossier télécoms-, Calyon et Morgan STANLEY ont conseillé LAFARGE (LG) pour cette opération tandis qu’Orascom avait retenu Citigroup comme banque conseil. Le rachat par LAFARGE (LG) de l’égyptien Orascom Cement, leader du secteur du ciment au Proche-Orient et dans le bassin méditerranéen, pour un montant de 8,8 milliards d’euros, a permis au spécialiste français des matériaux de construction de se renforcer dans une région à forte croissance et de poursuivre son développement dans les marchés émergeants, dont la contribution aux résultats du groupe devrait ainsi passer de 45% en 2007 à 55% en 2008 pour atteindre quelque 65% en 2010


Avec Orascom, LAFARGE (LG) disposera de 35 millions de tonnes de capacités cimentières supplémentaires, portées à 45 millions d’ici trois ans. Au total, la capacité globale du groupe atteindra ainsi 260 millions de tonnes en 2010. « C’est une opération formidable pour les actionnaires et formidable pour LAFARGE (LG), qui va pouvoir se développer sur les marchés émergeants », a déclaré, euphorique, le président du groupe, Bruno LAFONT. Le jour même de la vente, le titre Lafarge (LG) gagnait 12,58% à 121,22 euros. C’est, là, sa plus forte hausse en une seule séance depuis novembre 1987.


Dans la foulée, sa capitalisation boursière se trouve portée à près de 21 milliards d’euros, soit plus que son rival suisse Holcim. Du pain béni donc pour l’acquéreur. Jacques TISSIER, Gérant chez Stratège Finance, qui détient des titres LAFARGE (LG) en portefeuille, jubile « C’est l’accès à des pays en très forte croissance qui plait aux investisseurs ». Leader dans son pays d’origine, Orascom est également numéro un en Algérie, aux Emirats Arabes Unis et en Irak. Il dispose également de positions solides en Arabie Saoudite, Syrie et Turquie. LAFARGE (LG) estime les synergies immédiates liées à la fusion à plus de 150 millions d’euros par an à partir de 2010, grâce à l’amélioration des performances techniques, l’extension des usines existantes et la standardisation des achats.L’acquisition devrait ainsi avoir un impact important sur la croissance, les marges et la génération de cash et se traduire par une accélération du rythme de croissance des ventes (+3 points de croissance par an) et de la marge opérationnelle (+250 points de base en 2008), selon Lafarge (LG). N’ayant aucun droit de regard sur l’opportunité de l’opération, les Pouvoirs Publics sont par ailleurs magistralement ignorés quant aux conditions de financement et au réaménagement de la propriété d’une activité sensible pour l’économie Nationale.


L’acquisition d’Orascom Cement a été financée à hauteur de 6,0 milliards d’euros par de la dette et par une augmentation de capital de 2,8 milliards réservée à Nassef SAWIRIS, actionnaire majoritaire du groupe Orascom Construction Industries (OCI), qui signera un pacte d’actionnaires d’une durée de 10 ans. L’homme d’affaires égyptien, qui aura en échange 11,4% du capital de Lafarge (LG), obtient par ailleurs plusieurs sièges au conseil de LAFARGE. Nassef SAWIRIS a révélé à la presse qu’OCI obtiendrait dans un premier temps deux sièges au conseil, sans préciser s’il comptait en avoir plus par la suite. Dans les couloirs des centres de décision, les chantres du patriotisme économique mangent leur pain noir. Ils n’ont toujours pas digéré l’affaire et rêvent de retrouver leurs prérogatives régaliennes. Un sentiment que relate bien le quotidien parisien Le Monde dans son édition du 19 septembre 2008 : « Ce regain d’interventionnisme a été en partie motivé par l’acquisition d’Orascom Cement (du groupe égyptien Sawiris) par Lafarge, en décembre 2007, pour un montant de 8,8 milliards d’euros. A la faveur de cette transaction, le groupe Lafarge s’est retrouvé propriétaire de deux cimenteries en Algérie, situées à Sig et à M’Sila, pour lesquelles d’importantes exonérations fiscales avaient été accordées à Orascom. L’affaire n’avait rien d’illégale et c’est là que le bât blesse. Lafarge a pu s’implanter en Algérie à la faveur d’une opération qui courtcircuitait l’Etat algérien ».


La banque en ligne de mire

Naguib SAWIRIS nourrit depuis quelque temps déjà l’ambition de lancer une filiale bancaire en Algérie. Son montage confère le capital à la banque égyptienne Commercial International Bank (CIB), filiale de la Banque Nationale d’Egypte (51%) et l’américain Chase Manhattan (JP Morgan, 49%). Le lancement commercial de la coentreprise CIB-Sawiris (dont les experts attendent de connaître le pontage et la forme de coopération) était prévu pour le courant de l’année 2008. Le journal économique algérien « Le Maghreb » (29/12/07) indique que le terrain a été préparé, en décembre 2007, par la visite en Algérie du Ministre égyptien des Finances et que des demandes d’agrément ont été adressées au régulateur algérien. Pour l’instant, pas une ligne n’a filtré dans le Journal officiel concernant son éventuel agrément. « Le Maghreb » rappelle aussi les propos tenus en 2005 par Naguib SAWIRIS : « je compte investir dans l’hôtellerie, la banque et l’audiovisuel si l’Etat algérien ouvre le secteur ». Cette fois, Sawiris semble avoir vu trop gros et parlé trop vite


Source : El-Djazair.com du mois octobre 2008

Aucun commentaire: