Les assurances des dirigeants d’Orascom sur l’incessibilité de Djezzy commencent à devenir un peu trop récurrentes. Qui Orascom veut-il tranquilliser en jurant que sa filiale algérienne de téléphonie “n’est pas à vendre” ? Ce qui d’ailleurs, en économie de marché, constitue un engagement absurde s’il est définitif.
Orascom semble vouloir s’adapter au discours du patriotisme en vogue et répondre à l’incantation par l’incantation. Après que la privatisation et les IDE furent érigés en éléments de religion économique, voici que la vente est déclarée apostate. Et Orascom fait comme s’il voulait se racheter. Un peu tard, si le grief retenu contre lui est avéré. Comme si cela changeait quelque chose pour l’économie ou l’usager algérien ! Ce n’est pas l’identité de l’opérateur qui fait la différence.
Ce qui est en cause n’est apparemment pas le principe de la cession, mais une démarche de marketing des investissements qui a échoué. Parce que son cadre a été mal élaboré, parce que trop politisée, parce qu’elle fut parfois personnalisée. Un peu de tout cela dans des proportions qu’il reste à connaître.
Dans le cas d’Orascom, ce qui est en cause, c’est une opération de spéculation sur des cimenteries et qui s’est soldée par un transfert de fonds sans rapport avec l’activité accomplie par cette entreprise en Algérie.
S’il s’agit bien de cela, le mal est fait.
Et c’est à l’État de se prémunir des effets d’une législation à l’origine à but attractif, mais qui s’est avérée permissive à des abus spéculatifs. Et les contre-mesures, dont certaines ont eu la publicité qu’on connaît, s’appliqueront désormais à tout investisseur. Les promesses sur l’avenir patrimonial de Djezzy ne se justifient donc plus.
D’ailleurs, le reproche n’enlève rien à la responsabilité des gestionnaires de l’économie nationale. Et ce n’est pas la vocation des multinationales, fussent-elles originaires de pays du “Sud”, de pays “frères” ou de pays “émergents”, de se soucier de l’intérêt des nations hôtes de leurs activités.
Au lieu d’attirer des capitaux à investir, nous avons attiré des investisseurs à financer. Souvenons-nous : après un apport qu’on dit symbolique, l’usager a dû acheter des puces au prix fort et attendre des semaines pour pouvoir enfin s’en servir. Le procédé a été repris par les promoteurs immobiliers : des assiettes foncières, des clients sur plan, un financement majoritaire.
C’est étrange comme notre économie attire en priorité les entreprises de produits à paiement anticipé !
La moralisation insistante du discours managérial, auquel s’emploient les dirigeants d’Orascom depuis que les médias ont décelé une allusion à la vente des cimenteries Orascom dans une allocution du président Bouteflika, confirme plus que n’infirme une probable profanation d’une règle de conduite, tacite ou autre.
Au demeurant, d’autres voies d’eau, multiples et variées, font fuir les capitaux du bateau Algérie. Régulièrement, de nouvelles mesures viennent corriger sa trajectoire. Mais c’est justement à cela qu’on reconnaît une navigation à vue : celle de trop souvent “refaire le cap”, comme on dit dans le langage marin.
Source : Journal Liberté du 28/10/2008
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