samedi 11 octobre 2008

Le P-DG d'Algérie Télécom à propos de la situation du groupe : «Nous risquons de perdre des parts de marché»

• Les créances impayées d'AT s'élèvent à 70 milliards de dinars
• 40 exposants au 1er Salon pour la relation client du 11 au 13 novembre

La conférence de presse animée hier sur la tenue du premier Salon algérien pour la relation client (SARC 2008), du 11 au 13 novembre, que son groupe organise au niveau de son siège social en collaboration avec l'Association algérienne pour la relation client, était une opportunité pour le P-DG d'Algérie Télécom, Moussa Benhamadi, pour revenir sur la situation que traverse actuellement l'entreprise.
«Si Algérie Télécom ne se mobilise pas nous risquons de perdre des parts de marché», a déclaré de prime abord, Benhamadi qui a plaidé pour la réduction des prestations qui viennent de l'étranger, très couteuses à son goût. A défaut d'exporter ses services, Algérie Télécom veut ainsi limiter au maximum ses importations en devise à la faveur de la valorisation des compétences locales.
Reconnaissant que son groupe garde encore des réflexes acquis durant la période du monopole, Benhamadi est revenu sur la lenteur enregistrée dans la concrétisation de certains projets et a remis également en cause la qualité du travail de certains prestataires, dont les conséquences sont encore visibles.
Les «dysfonctionnements» qui affectent le bon fonctionnement de l'entreprise se situent aussi, poursuit-il, dans l'action commerciale, la fourniture de service et en matière de communication. Et comme toutes les autres entités économiques algériennes, Algérie Télécom souffre de son management. A ce crucial problème vient aussi s'agripper l'important trou dans la trésorerie de l'ordre de 70 milliards de dinars causé par les créances impayées des abonnés.
A ce stade, le P-DG a salué le soutien du chef du gouvernement dans ce dossier, lequel a adressé une circulaire incitant tous les ministères et administrations publiques à régler leur situation vis-à-vis de l'opérateur puisque c'est eux qui détiennent le gros de ces créances.
Par ailleurs, la montée en flèche de l'utilisation de la téléphonie mobile a eu un effet direct sur le chiffre d'affaires du groupe avec notamment le recul de l'utilisation du téléphone fixe et ce, malgré l'arrivée de près de 500.000 nouveaux abonnés entre 2005 et 2008 et la réduction du nombre des demandes insatisfaites de 150.000 à 37.000 demandes. A une question concernant l'ouverture du capital, le P-DG se contenta de dire vouloir aller vers la privatisation en position de force pour mieux vendre l'action d'AT.
Quant à l'information faisant état du rattachement de filiale Djaweb à la maison mère, il précisera qu'il s'agit d'une décision longuement discutée au niveau des diverses divisions. « Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il faut défilialiser Djaweb, car en tant qu'entité séparée, elle ne joue pas son rôle. Sa réintégration va nous permettre d'être plus opérationnels et de limiter les dépenses», a-t-il déclaré en substance. Au sujet du projet de centaines de centres d'appels que devait lancer Algérie Télécom en partenariat avec Vorax Technologies, Benhamadi informera que l'initiative n'est pas remise en cause et sera réactivée incessamment. La tenue du 1er salon algérien pour la relation client, auquel participent 40 exposants, serait peut-être l'occasion pour déterrer ce projet annoncé l'an dernier d'autant plus que les responsables d'Algérie Télécom comptent aussi annoncer à cette date des prix préférentiels favorables aux centres d'appel qui bénéficieront d'une nouvelle tarification de la minute de communication nationale et internationale.
L'objectif premier de l'association algérienne pour la relation client demeure, comme l'a souligné hier sa présidente, Medina Boulahchiche, le développement de l'activité des centres d'appels en inshore en incitant les aéroports, daïras, mairies et autres structures publiques à ce doter de ces services d'appel et ce, en faveur des assouplissements des modalités d'investissement dans ce secteur visant, en outre, à promouvoir la destination Algérie en offshore. Une destination qui, malgré ses capacités humaine et technique, connue et reconnue par les spécialistes est encore à l'écart du marché mondial et loin de rivaliser avec le voisinage.
Au moment, où cette activité très lucrative enregistre au cours de cette année 45.000 centres d'appels pour la région Europe, Afrique et Moyen-Orient avec plus de 240.000 positions (postes de travail), l'Algérie n'en compte que 14 centres d'appels pour 700 positions en production.

Source : Journal El Moudjahid du 12/10/2008
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EN PROIE À DES PROBLÈMES DE TRÉSORERIE DEPUIS QUELQUES MOIS
Algérie Télécom demande l’intervention de l’État. Il n’est plus question d’ouverture de capital tant que la situation de crise persiste.

Moussa Benhamadi, P-DG d’Algérie Télécom (AT), a animé hier au siège de l’entreprise une rencontre avec la presse pour annoncer la tenue du 1er salon “Relation client” concernant l’activité et le développement des centres d’appel qui aura lieu à Alger les 11, 12, et 13 novembre prochain. L’occasion propice pour les journalistes de rebondir sur la situation actuelle d’Algérie Télécom. Imperturbable comme à son habitude, M. Benhamadi s’est prêté aux nombreuses questions, reconnaissant sans détour “des problèmes de trésorerie” et d’autres défaillances, à commencer par l’incapacité d’AT à répondre aux attentes des clients pour ce qui est du seul téléphone fixe dont les demandes insatisfaites s’élèvent à 37 000.Autrement dit, il est question de véritables difficultés générées directement par 70 milliards de DA de créances aggravées par plusieurs autres paramètres tels que la mauvaise gestion et un passif qui n’a fait que freiner le développement du groupe qui s’est délecté, depuis la filialisation, des temps de faste sans prendre des dispositions pour les années de vaches maigres. “Nous sommes défaillants en matière de réactivité”, dira M. Benhamadi insistant sur le fait qu’il faudra coûte que coûte changer leur approche managériale dans leur rapport avec le client et engager, très vite, des actions pour remédier à cet état de fait qui, selon le P-DG d’AT, seront présentées publiquement
incessamment.
DÉFILIALISATION DE DJAWEB COMME PREMIER SACRIFIÉ
Il est dit pour la première fois que Djaweb en tant que filiale à part entière n’existera plus et sera
cantonnée en simple division. C’est que AT ne peut plus se permettre le luxe d’une filiale qui, en
définitive, “bouffe” de l’argent sans en générer, notamment depuis la décision de réduire le coût
d’Internet de 50%. Ce qui aurait dû susciter l’engouement des clients et redonner un second souffle à la téléphonie fixe a eu l’effet inverse signant, ainsi, la mise à mort de Djaweb en tant que filiale. À se poser des questions dans ce cas sur les véritables performances des produits offerts et des efforts fournis et dont les produits offerts ne défiaient pas déjà la concurrence n’étant pas toujours de bonne qualité en termes de débit et de prestations. À noter que les autres ISP n’ont pas suivi les recommandations du gouvernement à propos de cette réduction. “Nous ne voulons pas continuer à activer uniquement en tant qu’opérateur de téléphonie, mais nous comptons nous développer en tant qu’intégrateurs et fournisseurs de solutions”, a indiqué M. Benhamadi parlant de l’alternative à même de constituer une porte de sortie à cette crise qui secoue AT, et qu’il n’est plus question de dissimuler au risque de se retrouver en disgrâce par rapport au partenaire
social qui, vraisemblablement, ne voit pas d’un bon oeil ces mesures d’austérité. “À défaut d’être en mesure d’exporter, nous devons au moins limiter les importations”, dira M. Benhamadi en partant de généralités pour arriver au stade macro et plaider pour des actions de transformation loin des réflexes de monopole dont AT a du mal à s’en débarrasser de l’aveu même de P-DG du groupe. “Si le développement avait bien fonctionné, l’Algérie aurait été en mesure d’offrir des appels locaux gratuits dans 3 à 4 années, mais pour cela il faudrait d’autres produits de compensation”, a expliqué M. Benhamadi.
ALGÉRIE TÉLÉCOM NE PROFITE PAS DE SA POSITION DE MONOPOLE
Les créances d’AT qui s’élèvent à 70 milliards de DA non recouvrés auprès des institutions publiques, qui s’avèrent être de très mauvais payeurs, pèsent en effet très lourd dans la balance de l’échec, mais pas seulement. AT non seulement ne bénéficie plus de subventions de l’État mais l’on continue à lui demander de jouer son rôle de service public. Dernière sollicitation en date n’est autre que le drame des inondations de Ghardaïa. Algérie Télécom, qui a mobilisé ses troupes pour cette malheureuse circonstance, a dû fournir, dans le cadre du plan Orsec, 6 000 lignes de WLL en moins de 24 heures pour ne citer que cet exemple. Un paradoxe difficile à expliquer au moment où les investissements pour un meilleur déploiement se font de plus en plus pressants pour se maintenir sur le marché en tant que leader. Le bref passage de Lacom en tant que concurrent a révélé très vite la vulnérabilité d’AT qui se targuait de s’attaquer à des produits tels que le FTTH (Fiber to the Home). Il faut dire qu’Algérie Télécom s’est attaquée à des chantiers certes nécessaires, mais très coûteux (lourds investissements) tout en s’assignant l’obligation de rentabilité. Le segment téléphonie fixe, qui constituait la partie la plus importante de son CA, était, déjà depuis un certain temps, en continuel décroissement et la tendance ne semble pas s’arranger, et ce, malgré des opportunités inespérées ne serait-ce qu’en termes
d’extension des villes où la création de nouvelles à l’image du projet de Dounya-Parc qui nécessitera, selon les prévisions, des milliers de lignes sans compter les nouvelles cités AADL et autres promotions immobilières dont les foyers ne sont pas pourvus de lignes téléphoniques.
M. Benhamadi reste optimiste et confirme bel et bien l’existence d’une réelle demande, indiquant que la situation pourrait s’améliorer puisque plusieurs accords ont été passés avec des institutions et des entreprises pour développer leur réseau. Pour peu que l’on n’assiste pas, dans quelques années, à un remake et dans l’état actuel des choses, c’est sans compter sur la privatisation (ouverture du capital) d’Algérie Télécom reléguée désormais aux calendes grecques. “La décision nous dépasse et revient au gouvernement. Mais il n’est pas question d’aller vers cette option en position de faiblesse”, martèlera M. Benhamadi qui, à l’occasion, a carrément sollicité l’inévitable intervention de l’État en maintenant comme option première
le fait de compter sur soi-même et être plus efficace.

Source : Journal Liberté du 12/10/2008

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