jeudi 9 avril 2009

Quand des opérateurs économiques étrangers se mêlent de politique

« Accomplissez votre devoir citoyen, par votre participation massive au vote du 9 avril 2009.» Tel est le message reçu par tous les clients des opérateurs de la téléphonie mobile Mobilis, Nedjma et Djezzy le long de cette journée du neuf avril consacrée, comme chacun le sait, à la réélection pour la troisième fois de Bouteflika à la présidence de la République algérienne démocratique et populaire.

On sait comment les sociétés nationales, d'une manière générale, sont tenues de se mettre au service du régime qui nomme leurs premiers responsables et les dégomme comme il l'entend. On ne peut donc pas en vouloir à Mobilis, entreprise nationale gérée par procuration par et pour le pouvoir. Mais qu'en est-il des autres ?

On remarquera d'abord que le message reçu par les clients de Nedjma et de Djezzy sont identiques, écrits et conçus par la même source. Ce n'est donc pas une initiative de ces entreprises étrangères qui ne devraient en aucun cas se mêler de politique.

Nedjma est une filiale d'une entreprise des pays du Golfe et Djezzy est une société dont l'entreprise mère est en Egypte. De quoi se mêlent-ils donc ?

Le fait même que le texte imposé à leurs clients est identique prouve que ces deux opérateurs n'en sont pas les auteurs. Le texte a été donc dicté par les tenants du pouvoir, ceux-là même qui les ont installés, qui ont permis, surtout à Djezzy, de faire son beurre au détriment de citoyens assoiffés de communication et qui exigent, aujourd'hui, un retour d'ascenseur .

Cela est en effet plus vrai pour Djezzy que pour Nedjma. Autant Djezzy a ramassé des dividendes injustifiés, autant Nedjma respecte, jusqu'ici, son cahier des charges d'investisseur.

L'espace imparti à cet article ne permet pas de rappeler les fortunes amassées par l'opérateur égyptien, ni les dénonciations dont il a fait l'objet de la part du président de la république en personne.

Si Nedjma et Mobilis n'ont pas eu d'autre choix que de se soumettre à un ignoble chantage qui ne dit pas son nom, Djezzy s'y prête avec zèle et, semble-t-il, beaucoup de conviction. Avant même la fermeture des bureaux de vote, cette entreprise jadis choyée, soucieuse sans doute de retrouver l'amour perdu, a lancé ses placards publicitaires pour féliciter un président qui n'est pas encore officiellement réélu !

Après ça, on nous dira que tout va bien dans le meilleur des mondes. On nous dira que tout se passe dans la transparence et que la corruption n'existe que dans l'esprit fêlé de quelques coquins qui s'entêtent à faire de l'opposition un objectif.

Tout cela est bien beau. Mais, Messieurs de Djezzy, il faudra que vous sachiez une chose : vous avez peut-être acheté votre droit d'exercer en payant quelque bakchich aux seigneurs que vous nous demandez d'élire aujourd'hui et que vous félicitez par anticipation, mais le peuple algérien est libre. Même si tout a été entrepris pour le maintenir dans l'ignorance de sa force et de ses capacités. Le peuple algérien est tellement libre qu'il peut vous assigner en justice, à travers vos clients que vous méprisez, pour les avoir pris pour ce qu'ils ne sont pas. Et pour avoir dérangé chacun d'eux avec vos messages de corrompus !

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