dimanche 23 novembre 2008

Sawiris attaque les autorités algériennes

L’opérateur égyptien, qui semble particulièrement priser la politique des deux poids deux mesures oublie très certainement toutes les énormes facilités dont il a bénéficié dans les domaines de la construction et de la téléphonie mobile.

Il semble bien que la crise du groupe égyptien Orascom soit en train de s’aggraver. C’est en tous cas ce que nous serions tentés de croire à la lecture des articles de presse parus aussi bien en Egypte qu’en Algérie. Il y est expressément question d’un communiqué rendu public par le président du conseil d’administration de la défunte Lacom, filiale d’Orascom versée dans le domaine de la téléphonie fixe, l’ingénieur Akil Bachir. Celui-ci, en effet, y accuse expressément les autorités algériennes, à travers l’ARPT (Autorité de Régulation de la Poste et Télécommunication) ainsi que le ministère de tutelle. Il y reconnaît même que Lacom aurait bénéficié de soutien à caractère politique et non pas économique ou autre à la suite de la visite qu’ont effectuée en Algérie le premier ministre égyptien ainsi que son ministre des télécommunication, respectivement Ahmed Nadhif et Tarek Kamel. Orascom, principal actionnaire de cette filiale, dans laquelle figurait aussi Egypte Télécom, admet ainsi avoir versé dans les actions de « lobbying » et donc dans la concurrence déloyale.

Toujours est-il que le communiqué admet lui-même que les choses ont fini par changer, par rentrer dans l’ordre en somme, depuis les salvateurs changements qui ont eu lieu à la tête du ministère de tutelle et de l’ARPT.

Mais ce que ce communiqué ne dit pas, ce que nous rappelle une source de l’ARPT, c’est que les dirigeants de Lacom avaient bel et bien saisi l’Autorité à propos de certaines promotions lancées par Algérie Télécom, son seul concurrent activant en Algérie. Or, l’ARPT avait, à cette époque, accordé une suite favorable aux protestations de Lacom. Ainsi donc, l’échec de Lacom, qu’Orascom veut faire endosser aux autorités algériennes, est bel et bien à rechercher ailleurs. Très probablement dans les choix technologiques et les investissements peu importants pour un projet de cette envergure.

En termes plus clairs, nous expliquent des sources techniques très au fait de ce genre de questions, Orascom cherchait à rééditer l’exploit de Djezzy, cette filiale qui lui a permis de jouer désormais dans la cour des grands alors qu’il y avait consenti au départ bien peu d’argent, préférant au contraire attendre que l’argent commence à rentrer à flot avant de commencer à étendre le réseau. Et de rappeler que les puces avaient été vendues à des prix prohibitifs alors même que le réseau n’avait même pas démarré. Par la suite, les tarifs pratiqués étaient, eux aussi, prohibitifs.

La situation est demeurée ainsi pendant longtemps, jusqu’à ce que le troisième opérateur entre en scène, et force enfin l’opérateur dominant à cesser ce genre de pratiques. Mais entre temps, des sommes colossales avaient été récoltées.

Orascom, qui reproche à l’Etat algérien de ne pas avoir fait respecter la loi à propos de la téléphonie fixe, ce qui est absolument faux tiennent à préciser nos sources au niveau de l’ARPT, oublie certainement que c’est bel et bien lui qui continue jusqu’à ce jour de fouler aux pieds ces mêmes lois s’agissant de la téléphonie mobile et de sa filiale en Algérie, Djezzy en l’occurrence. Jusqu’à ce jour, en effet, Djezzy continue d’ignorer les décisions numéros 11 et 14 rendues à son sujet par l’ARPT, cela au moment où le ministre de tutelle lui-même l’avait rappelé à l’ordre, lui demandant expressément de se mettre en conformité avec la loi.

Toujours est-il que l’attaque directe lancée par Orascom contre les autorités algériennes, cela après l’échec des nombreuses tentatives de Sawiris de rencontrer les plus hauts responsables algériens, trahit le désespoir qui tend à gagner le groupe à mesure que ses actions continuent de chuter en bourse sans qu’il ne lui soit plus possible d’agir en vue d’enrayer le naufrage…

Source : Le Journal Le Courrier d'Algérie du 17/11/2008
________________________________________________________________________________
Comment OTA a cherché à doubler Cevital

Naguib Sawiris, qui aurait des problèmes y compris avec l’autorité de régulation de son propre pays, semble avoir accumulé les «maladresses», ce qui le place aujourd’hui dans une position fort inconfortable.

Maghreb Confidentiel, un journal électronique payant, particulièrement bien informé, a publié dans sa dernière édition, des détails inédits en ce qui concerne le conflit qui oppose Orascom Télécom Algérie (OTA) au groupe Cevital, que dirige Issaâd Rebrab. Ce dernier, est-il révélé, «reproche à Sawiris d’avoir recomposé l’actionnariat d’OTA, sans l’en avoir préalablement informé», comme le prévoit la loi en de pareil cas de figure. Ainsi, « deux nouveaux investisseurs (actionnaires) ont été introduits par Naguib Sawiris, président d’OTA. Il s’agit d’Oratel international Inc à hauteur de 31,06 % et du fonds d’investissement AIG IIC à hauteur de 7,91 %. Cela a induit automatiquement une hausse du capital social d’OTA, réduisant de facto la quote-part de Cevital. Celle-ci serait ainsi passée de 3,4 à tout juste 3,19 %. Cette pratique, dénoncée par la loi, est « usitée » dans les milieux financiers lorsque l’on cherche à « doubler» un quelconque actionnaire.

C’est la raison pour laquelle, comme le révélait notre journal il y a de cela quelques mois déjà, une plainte avait été déposée par le groupe Cevital contre OTA, cela devant les instances juridiques internationales. Mieux, nous croyons savoir que Cevital aurait obtenu gain de cause, forçant ainsi OTA à revenir sur ces décisions, à rétablir Issaâd Rebrab dans ses droits et à convoquer un conseil d’administration en cas demanifestation d’intérêt de la part de quelque autre groupe. Ces révélations tendent à montrer à quel point Naguib Sawiris semble tout faire en vue de se mettre en mauvais termes avec l’ensemble de ses partenaires. Ainsi, dédaignant en Algérie le « tapis rouge » qui lui avait été déployé au regard des investissements consentis, il s’est mis à fouler aux pieds la loi, avant de se faire tancer publiquement et officiellement par le président de la République en personne. A l’occasion du changement qui avait eu lieu à la tête de Djezzy, et de l’audience qu’avait accordé le ministre du secteur à Thamer Al Mahdi, l’opérateur avait été « invité » de la manière la plus claire et la plus directe qui soit à « respecter la loi ».

CHRONIQUE D’UNE AGONIE ANNONCÉE. Sawiris a eu beau, par la suite, démentir le fait, et déclarer que la sortie du ministre algérien ne lui était pas directement adressée, les nombreuses décisions rendues à son encontre par l’ARPT (Autorité de Régulation de la Poste et Télécommunications) et auxquelles il refuse toujours de se plier renseignent assez sur le peu de cas que Djezzy fait de la loi algérienne. Celui-ci s’était même fait convoquer par la présidente de l’ARPT une fois qu’une opération de contrôle routinière avait permis de constater que Djezzy était le seul opérateur à avoir « omis » de bloquer ses puces se trouvant sur le marché comme le lui ordonnait la loi. Nous apprenons même que des achats de puces effectués tout récemment dans des quartiers populaires comme Bab El Oued, Bab Ezzouar et Kouba auraient abouti aux
mêmes résultats et qu’une nouvelle saisine aurait eu lieu à ce propos à l’encontre de Djezzy. L’ancien patron de Djezzy, Hassan Kabbani, aurait été rappelé en urgence en Egypte à la suite d’une enquête déclenchée par l’IGF (Inspection Générale des Finances), laquelle aurait conclu à un transfert illégal de fonds en direction de la maisonmère de l’ordre de 2 milliards de dollars. Présentement, l’ensemble des filiales d’OTA ferait l’objet d’audits fiscaux et financiers, ce qui peut encore livrer pas mal de dépassements et de scandales, estime-t-on.

Naguib Sawiris, qui a réussi à s’aliéner ceux qui auraient pu lui venir en aide alors qu’il traverse une période de trouble qui risque de faire voler en éclats son groupe, aurait même effectué un discret séjour en Algérie en vue de tenter de rencontrer le président Bouteflika ainsi que le chef du Gouvernement. Mais les deux responsables auraient opposé une fin de non-recevoir à cette demande. Sawiris aurait également mis à profit ce séjour en vue de réunir le conseil d’administration de Lacom, filiale en charge de la téléphonie fixe, en vue de prononcer officiellement sa dissolution.

Sawiris avait violemment critiqué les autorités algériennes sous prétexte qu’elles auraient favorisé Algérie Télécom contre Lacom. Mais la vérité est toute autre puisque la saisine de l’ARPT à cette époque avait conduit cette dernière à bloquer l’ensemble des promotions de l’entreprise publique algérienne. Mais Lacom, qui cherchait à mettre les petits plats dans les grands, avait proposé des offres peu susceptibles de satisfaire une clientèle algérienne de plus en plus exigeante.

OTA, dans le même temps, oubliant cette affaire, continue de fouler aux pieds les décisions rendues par l’ARPT à l’encontre de Djezzy, notamment celles portant les numéros 11 et 14. Profitant de sa position d’opérateur dominant, il multiplie ainsi les opérations de dumping, cherchant à éliminer par tous les moyens, à commencer par les plus illégaux d’entre eux, ses concurrents. Orascom, pour rappel, traverse une grave crise financière puisque ses actions dans la bourse du Caire ont chuté de plus de 65 %, faisant carrément craindre l’éclatement du groupe. Or, l’aide qu’il pouvait espérer de la part de Djezzy, cette filiale qui lui a permis de jouer dans la cour des grands selon ses propres aveux, vient de s’évanouirpour les mille et une raisons citées plus haut dans le texte…

Source : Le Journal Le Courrier d'Algérie du 15/11/2008

Aucun commentaire: