mardi 19 mai 2009

Ernst & Young désigné comme liquidateur : l’option d’une fermeture de l’opérateur Lacom se précise

Les chances d'un sauvetage de l'opérateur fixe Lacom s'amenuisent. Selon une source proche du dossier, les deux actionnaires de l'opérateur, Orascom Telecom et Egypt Telecom, se dirigent vers l'option d'une liquidation de la société qui a cessé ses activités depuis déjà plusieurs mois. Le cabinet d'audit Ernst & Young vient d'être désigné comme liquidateur, selon la même source. Une assemblée générale des actionnaires a été convoquée le 23 juin au Caire, en Egypte. Elle devrait se prononcer sur la fermeture définitive de Lacom.

Début janvier 2009, après plusieurs mois de négociations, Orascom Telecom et Egypt Telecom était parvenus à accord de principe avec VTEL Holding Ltd., une société multinationale de télécommunications basée à Dubai, pour la vente de la totalité de l'opérateur Lacom. Ce dernier est détenu à parité (50% chacun) par les deux groupes égyptiens. Mais les négociations ont échoué. Après l'annonce de cet accord, le gouvernement algérien, via l'Autorité de régulation de la Poste et des télécommunications (ARPT), avait procédé à un audit de Lacom. On ignore les résultats de ce travail d'investigation et s'il aurait éventuellement pesé sur l'échec des négociations.

Détenteur de la seconde licence de téléphonie fixe, acquise en 2005 pour 65 millions de dollars, l'opérateur privé emploie 163 personnes, dont seulement six expatriés. Lacom avait été officiellement dissoute en novembre 2008 lors d'une assemblée générale de ses actionnaires tenue au Caire. Mais le procès verbal de dissolution n'a jamais été transmis au gouvernement algérien. Depuis, Lacom a maintenu ses effectifs en Algérie et continue à leur verser leurs salaires via l'opérateur mobile Djezzy.

Dans une lettre adressée, lundi 18 mai, les salariés algériens de Lacom appellent le président Bouteflika à intervenir pour débloquer la situation. « Monsieur le président, nous vous interpellons en tant que premier magistrat du pays, afin d'user de votre clairvoyance et diligence pour le dénouement de cette situation qui n'a fait que trop durer », écrivent-ils notamment dans leur courrier que nous reproduisons en intégralité.






Le texte de la lettre des salariés de Lacom à Bouteflika


Alger, le 18 Mai 2009

Son excellence le Président de la République,

Depuis votre investiture en Avril 1999 à la magistrature suprême, le secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) a connu une grande avancée dans notre pays.

Sous votre gouvernance, l'Algérie a consenti beaucoup d'efforts pour attirer l'investissement étranger en lui accordant des facilités aussi bien sur le plan humain, financier que réglementaire ; permettant la mise en place de dispositions favorables à une relance économique devant se traduire par la création de richesses et de l'emploi durable.

De ces reformes est né en 2005 le Consortium Algérien de Télécommunications (CAT), connu sous le nom commercial « Lacom », joint-venture entre l'opérateur public Telecom Egypt et le Holding privé Orascom Télécom, dont la mission est l'exploitation de la deuxième licence de téléphonie fixe, devenant officiellement le deuxième opérateur en Algérie.

Six mois après le lancement en grandes pompes de « Lacom », sans aucun motif juridique ou financier, une décision prématurée a été prise par les actionnaires pour arrêter tout investissement d'exploitation et de développement, engendrant progressivement arrêt des ventes, interruption du déploiement du réseau, rupture de contrats de travail, fermeture des boutiques. Ces mesures ont réduit l'effectif de 580 employés à 142 et ont plongé l'entreprise dans un état léthargique depuis plus de trente mois.

Nous, employés de « Lacom » à majorité diplômés d'universités algériennes sommes totalement désorientés, malmenés et sans interlocuteur devant l'avenir incertain de l'entreprise, chavirant entre promesses de relance, rachat et décisions de liquidation annoncées par les actionnaires à maintes reprises mais jamais officialisées.

Lors de la visite en Février 2008 d'une délégation ministérielle égyptienne, des déclarations de relance de l'entreprise ont été annoncées; hélas encore une fois cette visite est restée vaine et sans suite à ce jour; replongeant les employés dans la même spirale d'incertitude.

Monsieur le président, étant employés d'une société de droit algérien, nous dénonçons ce statut quo qui nous maintient en otages sans qu'aucune disposition légale ne soit prise ; ce qui met l'entreprise en porte à faux avec les lois de la république. Nous refusons de croire que l'investissement dans le secteur de la téléphonie fixe n'est pas porteur dans notre pays.

Monsieur le président, nous vous interpellons en tant que premier magistrat du pays, afin d'user de votre clairvoyance et diligence pour le dénouement de cette situation qui n'a fait que trop durer.

Veuillez agréer, Excellence le président, l'expression de notre plus grand respect.


Les employés de Lacom (CAT)


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