vendredi 15 août 2008

Où en est la téléphonie mobile 4G ?

Malgré l’adoption timorée de la 3G, la 4G fait déjà parler d’elle. Quels seront les usages ? Où en sont les opérateurs ? Tour d’horizon.
Ce devait être la téléphonie du futur. Avec la 3G, lancée fin 2004 par SFR et Orange en France, on allait succomber aux appels en visio et à la navigation internet depuis son mobile. Trois ans plus tard, les résultats ne sont pas à la hauteur. Seul un abonné sur trois accédait fin 2007 aux services multimédias, un chiffre en inquiétante stagnation depuis deux ans. Pourtant, les opérateurs ne renoncent pas. Ils préparent même déjà la suite.

Voici donc venir la 4G. Evoquée dès le lancement de l'UMTS, elle promet une vitesse de connexion entre 100 Mbit et 1 Gbit par seconde, là où la 3G la plus rapide plafonne à 14,4 Mb/s. Le mobile atteindrait ainsi une vitesse aujourd’hui réservée à la fibre optique. Et la même question se pose : que pourra-t-on en faire ? Les réponses ne sont pas encore claires. On parle de visio en haute définition, de chats à plusieurs, de transferts de contenus accélérés. Mais pas de nouveauté marquante.

La principale avancée vient plutôt du mode d’accès à ce très haut débit mobile, qui concernera tout aussi bien les téléphones que les ordinateurs portables. Avec la 4G, ces appareils doivent être tout le temps connectés au réseau par les airs, à la manière des ordinateurs reliés aujourd'hui à l’ADSL par WiFi. Les forfaits illimités et clé USB 3G introduits ces derniers mois par les opérateurs, mais toujours limités en téléchargement, en constituent des prémisses. Cette fois, le réseau totalement en IP, bénéficiant d’un temps de latence réduit, promet d'être taillé pour ces usages.

Le WiMax gagne en mobilité

Comme rien n’est simple, deux technologies s’opposent. L’une est dans les airs depuis quelques années. Il s’agit du WiMax, présentée souvent comme un super WiFi. A l’origine, il s’agissait ainsi de placer des bornes pour accéder à internet, sur ordinateur, à cinquante kilomètres à la ronde, solution idéale pour couvrir les zones blanches du haut débit. En France, Free est le seul à disposer d’une licence nationale, tandis que des licences régionales ont été confiées à d’autres opérateurs. Hormis quelques initiatives locales, les réseaux se font attendre.

Ces derniers mois, le WiMax a pourtant bien grandi. Fin 2007, il est officiellement devenu une norme internationale de téléphonie mobile. Cette avancée n’a toutefois pas encore droit de cité en France. Une communication ou une connexion ne peut théoriquement pas s’y poursuivre d’une borne à l’autre (c'est le handover). Même limite dans tous les pays européens, et ce jusqu’en 2012, selon une toute récente décision de Bruxelles. En octobre, Free et Bolloré ont tout de même mené séparément des tests à Paris en toute discrétion.

Les opérateurs mobiles préfèrent le LTE

Cette mesure protège les opérateurs mobile, qui ne débordent pas d’enthousiasme à l’idée de voir ce réseau issu de l’informatique, dont Intel est un des principaux soutiens, court-circuiter leurs plans. Orange, T-Mobile, China Mobile, associés à d’autres grands du mobile tels que Nokia, LG et Samsung, et les équipementiers Ericsson et Alcatel-Lucent, ont en effet déjà manifesté leur préférence pour le LTE (Long Term Evolution), une évolution des réseaux 3G existants qui permet d’atteindre les mêmes débits que le WiMax.

Si le LTE, pas encore standardisé, pâtissait au départ d’un retard de deux ans sur le WiMax, son développement s’accélère. En Suède, cinq opérateurs viennent d’obtenir le feu vert pour bâtir un réseau 4G en LTE, avec l’attribution de licences pour un total de 226 millions d’euros. En Grande-Bretagne, une consultation vient d’être lancée par le régulateur. Au Japon, NTT DoCoMo a testé en avril un téléchargement à 250 Mbit/s en situation de mobilité. En France, c’est encore le silence radio.

Loin d’entrer en concurrence et de s’éliminer, WiMax et LTE pourraient s’avérer complémentaires. C’est le souhait d’Intel, qui a appelé mardi à une harmonisation. Comme à chaque changement de génération, le déploiement s’annonce en effet coûteux. Les opérateurs devront « augmenter de manière drastique la densité ou le maillage de leur réseau sans fil et mettre aussi à jour leur infrastructure filaire pour qu'elle puisse supporter ce surplus de trafic haut-débit », nous expliquait récemment Paul Jacobs, PDG de Qualcomm, qui prépare une puce LTE pour 2009.

En attendant, chacun croit en ses chances. Aux Etats-Unis, le troisième opérateur Sprint a lancé une coentreprise avec Clearwire, Time Warner, Comcast, Google et Intel pour investir 3,2 milliards de dollars dans un réseau WiMax, ouvert dès cette année. De 8 millions en 2008, le nombre d’abonnés WiMax devrait atteindre 23 millions dans le monde en 2012, juge Strategy Analytics. De son côté, ABI Research table en 2013 sur 90 millions d’utilisateurs de WiMax et LTE, dont les premiers réseaux sont attendus en 2010 au Japon.

Source : L'Expansion.com

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