La TNT va dévorer le spectre non planifié des fréquences !

L’année 2012, verra la télédiffusion hertzienne algérienne entrer dans l’ère du tout numérique. TDA, unique régulateur, de fait, du marché de l’audiovisuel, diffusera des chaînes de Télévision Numérique Terrestre (TNT) à travers les 48 canaux, théoriquement, disponibles sur la plage UHF du spectre des fréquences.


Premier constat, la planification juridique du spectre des fréquences entre diffuseurs n’a pas encore eu lieu. C’est le Ministre de la communication lui-même qui l’a confirmé, la semaine passée, à partir de la ville de Ouargla. La TNT va donc démarrer en situation de monopole. « Avantage », le passage au numérique de la diffusion télévisuelle terrestre sera plus facile. Tout est régit par un seul diffuseur. Inconvénient, la modernité numérique prend encore du retard. La TNT se fera en l’absence des grands acteurs de demain. Pas de véritables concurrents ; pas de projet pour la Télévision Mobile Personnelle (TMP) dans les tiroirs de l’ARPT, faute d’opérateurs 3 et 4G. Faute aussi d’éditeurs de contenus, ni même de réflexion sur le concept de télévision connectée ce produit phare issue de la complémentarité entre la télévision et le web.

Tout est imbriqué. Si les fréquences nécessaires à la démocratisation de l'accès à l’Internet mobile à très haut débit, ne sont pas encore partagées, c’est parce que tout le pilotage du secteur est en retard.

La TNT permet de diversifier et enrichir le paysage audiovisuel. Elle favorise l'émergence d’un authentique marché des images numériques sans nécessité de grands moyens. Mais, elle risque de « canibaliser » le spectre. Et de priver les futurs opérateurs de la téléphonie mobile 4G de ressources fréquentielles nécessaires à l’optimisation du trafic Internet mobile dont la croissance est continuellement dopée par l’augmentation du trafic vidéo sur le Net. Il reste à espérer que les mesures d’économie de ressources fréquentielles sont prises. Et que TDA a adopté la norme DVB-T2 dans les systèmes de diffusion et le codage MPEG-4 pour la compression du signal. Le déploiement de la TNT en Algérie ne doit pas compromettre la généralisation de l'accès à Internet haut débit fixe et mobile. Sans planification préalable du spectre de fréquences cela risque d’être le cas. La frontière entre le monde de l'audiovisuel et celui des télécommunications n’est pas fixée.

Source : Maghreb Émergent au 30/11/2011