Tout ça pour ça ? Pour ensuite nous entendre dire par le ministre des Finances que “l’affaire Djezzy n’est pas un dossier simple, car s’il l’était, les choses seraient terminées depuis longtemps”.
Le Premier ministre déclarait, en octobre 2010, devant l’Assemblée nationale que l’Algérie “acquerra définitivement cette société”. L’acquisition est même assortie de préalables, l’assainissement de la situation fiscale et des dettes de Djezzy, le paiement des arriérés de salaires de sa filiale de téléphonie fixe Lacom, l’exécution des éventuelles décisions de justice suite à la plainte de la Banque d’Algérie pour fraude à la législation des changes et la libération de 20% de la plus-value réalisée par la vente de l’entreprise.
Que s’est-il passé entre-temps pour qu’apparaissent des contraintes légales que le gouvernement algérien n’a pas su anticiper ? Le 16 octobre, le ministre des Finances a reçu le patron russe de Vimpelcom, nouveau propriétaire d’OTH. Et depuis il est question d’une option 51-49, Vimpelcom conservant le management de l’opérateur, avec un préalable inverse d’accord de préalable inverse : un accord de confidentialité ! Pourtant, Ouyahia avait proclamé que l’État algérien “ne traite qu’avec la partie cosignataire du contrat, à savoir Orascom Télécom Holding et nulle autre partie” et que “les chiffres balancés concernant la valeur de cette société ne nous intéressent point”.
Avant que ne surgissent ces “contraintes légales”, le ministre des Finances assurait : “nous avons ouvert les data room”, et donc l’évaluation, puis la proposition d’achat pouvaient être faites.
Tout s’est passé comme si ce qui comptait c’est d’embarquer l’opinion locale dans un processus à suspense, quitte à en payer le prix financier à l’issue du film. Car si l’évaluation Vimpelcom est retenue, et même si un accord de confidentialité servira, entre autres, à nous tenir dans l’ignorance du prix réel de cette dommageable désinvolture, l’Algérie aura à payer quelque quatre milliards de dollars pour acquérir les 51% de Djezzy.
Ce qu’on ne perd pas du fait de la crise financière en privilégiant une gestion conservatrice des placements des réserves de changes, on le perd du fait de l’incompétence managériale ou de dilettantisme en matière de règles internationales des affaires. Cette imprévoyance chronique s’avère dispendieuse. Sonatrach tente, depuis un certain temps, de conclure un accord à l’amiable avec Anadarko, sous pression puisque, dans moins d’un mois, le tribunal international d’arbitrage doit rendre sa décision sur un contentieux qui risque de nous valoir la somme de trois milliards de dollars.
On comprend pourquoi, dans un tel contexte, le projet de loi sur l’information en cours d’examen a inventé “le secret économique”.
Source : Journal Liberté au 30/11/2011
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