Le mémorandum signé entre l’État algérien et Vimpelcom à propos de Djezzy ne semble ne pas être du goût de Naguib Sawiris. Et c’est le moins que l’on puisse dire.
L’ancien patron d’OTA, qui vient de se reconvertir dans le politique à la faveur de l’ouverture démocratique en Égypte et tout en gardant un pied dans les affaires puisqu’il devient principal actionnaire de l’italien Wind Telecom racheté lui aussi par le géant russe Vimpelcom, vient encore une fois de s’attaquer à l’Algérie. En termes très durs, Naguib Sawiris affirme sur la chaîne qatarie Al-Jazeera que “le régime algérien est comme celui de la Tunisie, de l’Égypte sous Moubarak et encore comme celui d’El Kadhafi”.
Il a déclaré que sa débâcle en Algérie n’est autre que “le résultat de la haine et de la jalousie que lui vouent les Algériens”. Il énumère, pour conforter sa thèse, “les réalisations” de son entreprise. Il a avoué que “notre filiale en Algérie était prospère. Nous étions le premier employeur du pays, avant que les dirigeants de ce pays nous mettent dans leur ligne de mire”, ce qui a provoqué, toujours selon Sawiris, “l’engrenage”, en lui “imposant des impôts injustifiés”. Il a estimé ses pertes à 7 milliards de dollars induites par l’abandon de sa filiale algérienne.
À quoi joue Sawiris ? S’il est vrai que l’ouverture du secteur des télécoms à l’investissement étranger hors hydrocarbures a permis à OTH d’investir en Algérie dans un créneau porteur, il est aussi vrai que l’État algérien avait accordé des facilités très importantes au Holding égyptien.
Sawiris l’avait lui-même reconnu, lors d’une conférence de presse organisée en octobre 2008 au Caire, en affirmant que Djezzy était l’entreprise qui tirait vers le haut tout le groupe Orascom en faisant valoir sa réussite financière.
Alors, il s’agit-il de savoir aujourd’hui pourquoi Sawiris se comporte de la sorte ? Tente-t-il de se placer politiquement en Égypte ? Sachant pertinemment que ses attaques ne peuvent avoir de conséquences sur la mise en pratique de l’accord signé entre l’Algérie et Vimpelcom, Sawiris ne fait que porter un coup à sa crédibilité d’homme d’affaires de premier rang en Égypte. Le groupe russe Vimpelcom avait accepté le 7 janvier dernier après de longs pourparlers de céder à l’État algérien la majorité du capital de Djezzy. Les deux parties ont signé à cet effet un protocole d’accord (protocole d’intentions) dans lequel ils ont confirmé leurs intentions de poursuivre les modalités de cette cession. Il faut savoir que Vimpelcom détient la majorité du capital (51,7%) d’OTH, maison mère d’OTA, connue sous le nom commercial de Djezzy. Selon le ministère des Finances, Vimpelcom, nouveau propriétaire de Djezzy, “a confirmé son intérêt à trouver un accord avec l’État algérien, au terme duquel OTH qui détient 96,81 d’OTA, céderait une participation majoritaire dans le capital d’OTA”. La gouvernance et les moyens de contrôle de la gestion de Djezzy et Vimpelcom seront arrêtés selon des modalités qui restent à convenir entre les deux parties.
À ce titre, l’État algérien et Vimpelcom se sont chacun engagés à procéder à une évaluation de l’entreprise de télécommunications, et à entamer les négociations sur les termes et conditions dans lesquels la cession d’une participation majoritaire dans le capital de l’entreprise de télécommunications pourrait intervenir.
Source : Quotidien Liberté su 14/01/2012
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