vendredi 8 octobre 2010

Naguib Sawiris/Orascom ou la formidable histoire d’un égyptien devenu milliardaire grâce à l’agent des algériens


L’homme d’affaires égyptien, Naguib Sawiris, patron d’OTH et sa filiale algérienne OTA, donne de la voix et tient tête au gouvernement algérien depuis le déclenchement de ce que l’on appelle désormais « l’affaire Djezzy ». Le milliardaire égyptien ne manque pas d’air et veut tirer un maximum de profits sur la vente de Djezzy, une entreprise qui doit beaucoup à l’argent des algériens.

Mais par quel miracle OTA est devenue en l’espace de quelques années ce géant que tout le monde s’arrache ? Hocine Malti, l’ex vice-président de Sonatrach (de 1972 à 1975) consacre tout un chapitre dans son livre, » Histoire secrète du pétrole algérien », à la formidable ascension d’un homme gâté par la providence présidentielle…

Extrait

Les amis du président (I) : les surprises de l’affaire Orascom

« …Le coup de génie de Naguib Sawiris a été de choisir l’homme qu’il fallait pour le poste de directeur général de la filiale algérienne d’OTH, Orascom Telecom Algérie (OTA), lors de son installation en Algérie fin 1999. Au cours des années 1980 et 1990, cet homme, Mohamed Shorafa, Palestinien d’origine, avait été directeur du protocole et chef de cabinet du cheikh Zayed Ibn Sultan Al-Nahyane, émir d’Abou Dhabi et président de la Fédération des Emirats Unis, durant la période où Abdelaziz Bouteflika occupait le poste de conseiller de l’émir. A ce titre, Mohamed Shorafa était chargé de s’occuper du quotidien du futur président de la République algérienne : c’est lui qui lui versait son salaire, qui était chargé des problèmes d’entretien de la villa- à vrai dire un palais- mise à sa disposition, qui lui fournissait du personnel de maison (cuisinier, jardinier, femmes de ménage…), un voiture et un chauffeur, etc.

Cette longue connivence a crée des liens indéfectibles entre les deux hommes : Bouteflika était redevable vis-à-vis de Mohamed Shorafa. Une fois élu président de la Réublique, il a logiquement « renvoyé l’ascenseur » à celui qui était devenu P-DG d’OTA. Bouteflika n’a, bien entendu, jamais révélé cette relation, mais il ne pouvait pas non plus cacher, notamment à ces anciens collègues, et amis pour certains, membres de la mission de pétroliers détacjés par la Sonatrach auprès d’Abu Dhabi National Oil Company et donc présents au moments des faits.

La société égyptienne a pu ainsi démarrer ses activités en Algérie avec une mise de départ modeste et des prêts consentis à des conditions très avantageuses par des banques algériennes. Grâce à ce traitement de faveur, accordé à la demande de Bouteflika, elle est parvenue à créer en Algérie un réseau de téléphonie mobile géré à partir de 2001 sous la marque Djezzy, qui deviendra très vite le premier du pays par le nombre d’abonnés- et que- dix ans plus tard, des investisseurs étrangers, français notamment, se bousculent pour racheter pour plusieurs milliards de dollars…Profitant de la mansuétude présidentielle, OTH a également réussi deux belles opérations dans des secteurs entièrement nouveaux pour elle. La première, le rachat de deux entreprises publiques de cimenteries, a fait beaucoup jaser compte tenu des conditions dans lesquelles elle s’est déroulée. Début 2007, après avoir rejeté une offre du cimentier français Lafarge, le gouvernement algérien décidait de céder ces sociétés, pour un montant inférieur à celui proposé par le gouvernement français. A Orascom Construction Industries (OCI), une filiale d’OTH.

En décembre de la même année, OCI les revendait à Lafarge, dans le cadre d’une opération de partenariat plus global. Abdelaziz Bouteflika, qui avait permis l’opération par son soutien permanent au groupe égyptien, s’est senti floué et il le fit savoir publiquement. Selon ses dires, l’opération spéculative à laquelle s’était livrée Orascom lui avait rapporté 2 milliards de dollars de bénéfices pour un investissement de 700 000 dollars, sans que l’Algérie n’y gagnât quoi que ce soit. Une protestation qui arrivait bine trop tard et dans laquelle il ne disait pas que c’était lui qui avait voulu qu’il en soit ainsi.

L’autre secteur dans lequel s’est lancée cette entreprise du cercle des amis du président et celui des hydrocarbures. En mars 2007, OCI a passé un accord d’association avec la Sonatrach pour la réalisation et l’exploitation d’n complexe d’ammoniac et d’ure implant à Arzew. Les deux entreprises ont crée à cet effet deux filiales, dont les actions étaient détenues à concurrence de 49 % par la Sonatrach et 51 % par OCI : Sorfert Algérie, destinée à construire et à gérer le complexe, et Sorfert Marketing, dont l’objet était de commercialiser et d’exporter les produits finis. Le hic de l’affaire est qu’Orascom n’avait rien à mettre dans la corbeille de mariage : ni une expérience en matière de pétrochimie ni des capitaux à investir dans le projet. Dès le lendemain de la signature, elle s’est retournée vers Uhde Gmbh, filiale du holding allemand Thyssen Krupp AG, à laquelle elle a sous-traité la construction de l’usine d’Arzew. Quant au financement du projet, elle a agi de la même manière que pour le lancement de ses activités de téléphonie mobile, en s’adressant à nouveau au réseau bancaire algérien, qui a fourni la majeure partie des fonds nécessaires. Qu’ont gagné l’Algérie et la Sonatrach dans cette affaire ? Rien. Bien au contraire, elles ont fourni les capitaux nécessaires et la grande expérience de la Sonatrach en la matière, puisque celle-ci exploitait depuis une trentaine d’années déjà des usines similaires à Arzew, Sétif et skikda. Quant à la fratrie Bouteflika, elle a certainement beaucoup gagné dans le deal… »

Hocine Malti
Histoire secrète du pétrole algérien, éditions La découverte, 358 pages, 21 euros.


DES RIVES - l’histoire secrète du pétrole algérien-
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Source : Algérie Focus au 08/10/2010

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