Les cybers sont contraints d'obtenir un agrément sous peine de mettre la clé sous le paillasson.
Les cybercafés mettent la clé sous le paillasson par paquets. On ferme les bars, les cabarets, mais aussi les cybercafés, ces rares endroits où peuvent s'exprimer librement les jeunes en plein désarroi, désillusionnés, souvent profondément mécontents et frustrés et affichant une désintérêt total pour la vie publique. La crise de représentation politique se conjugue à la rareté d'espaces d'expression. Le département de Moussa Benhamadi a estimé à 1500 le nombre d'espaces communautaires et à 5000 celui des cybercafés. «Le nombre de clients abonnés aux différents réseaux d'Adsl a atteint 1,6 million, alors que celui des utilisateurs d'Internet est fixé à 10 millions», a-t-on précisé. Le précieux sésame est très difficile à obtenir, ce que d'aucuns interprètent comme un «tour de vis sécuritaire». Les difficultés charriées par l'exigence d'agrément par le département de l'intérieur pour ouvrir un cybercafé a contraint bon nombre d'entre eux à fermer boutique. «Pour avoir l'agrément on doit attendre la signature de directions de différents service séparés», affirme le gérant d'un cybercafé. Alger ne compte qu'environ 500 cybercafés dont les plus fréquentés sont déconnectés. Ailleurs, on parle de fermeture par fournées. Certaines informations affirment qu'«au moins 50% de ces espaces du Net, ouverts depuis des années, ont cessé leurs activités à travers le pays. Parmi eux beaucoup exercent ce métier depuis dix ans, c'est-à-dire depuis l'introduction de la Toile web en Algérie». Ces cybers qui ont fonctionné avec un registre du commerce ont été subitement soumis à la règle de l'agrément fourni par le département de l'intérieur. Ils sont contraints de demander aux services concernés un agrément en bonne et due forme, sous peine de mettre la clé sous le paillasson. Ainsi, c'est dans une conjoncture marquée par le vrombissement des révoltes arabes que la restriction a frappé ces cybercafés. Les autorités ne manquent pas de rappeler qu'il faut appliquer rigoureusement la loi. Dans le sillage de ces limitations, même les blogs n'ont pas été épargnés. C'est dénoncé comme une forme de censure. La restriction surgit en pleine période pré- électorale décisive. D'un autre côté les autorités accordent des agréments à de nouvelles formations politiques à la même nomenklatura dont la majorité n'a aucune base ou représentation. Des partis qui n'ont d'yeux que la distribution de postes pour certains privilégiés. A cela s'ajoute la propagation de l'interdiction d'accès aux médias sociaux au sein des entreprises. Par ailleurs, on croit savoir que le provider Eepad, fermé depuis septembre 2009, aura une chance de retrouver sa place. Des négociations entre ce provider et Algérie Télécom ont été reprises, selon certaines informations. Il faut savoir que l'Eepad a souffert pour se positionner sur les prix du concurrent, faisant grimper les dettes cumulées de plusieurs milliards. Enfin, nos tentatives de joindre le département de Moussa Benhamadi ont été vaines.
Source : Quotidien l'Expression du 19/01/2012
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